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latitude d’employer le subterfuge de son choix.<br />

— Je ne considère pas un nestorien réprouvé comme une<br />

autorité en matière de foi chrétienne.<br />

— Tu préférerais accepter les décrets de Kaidu, c’est ça ? La<br />

confiscation, voire pire ? Écoute, Nico. Il a la lettre de Kubilaï, il<br />

sait qu’on nous a chargés de ramener des prêtres à Kithai. Sans<br />

ces prêtres, nous ne sommes rien d’autre que des vagabonds<br />

errant sur les domaines de Kaidu avec le lot de marchandises le<br />

plus tentant qu’on ait jamais vu. Je ne vais pas affirmer que je<br />

suis prêtre, mais si Kaidu le croit...<br />

— La collerette blanche n’a jamais protégé personne de la<br />

hache du bourreau.<br />

— C’est toujours mieux que rien. Kaidu peut toujours faire<br />

ce qu’il veut à des voyageurs ordinaires, mais s’il massacre ou<br />

emprisonne un prêtre, les échos pourraient fort bien en<br />

parvenir jusqu’à la cour de Kubilaï. Et dans le cas d’un prêtre<br />

que Kubilaï aurait lui-même mandé ? Nous savons que Kaidu<br />

est téméraire, mais je doute qu’il soit suicidaire à ce point.<br />

Oncle Matteo se tourna vers moi.<br />

— Et toi Marco, qu’est-ce que tu en dis ? Observe ton oncle<br />

habillé en révérend père. De quoi ai-je l’air ?<br />

— Mafigniffique, balbutiai-je d’une voix pâteuse.<br />

— Hum, murmura-t-il en me scrutant de plus près. Si Kaidu<br />

est aussi saoul que tu l’es, ça peut bien nous aider.<br />

Je commençai de répondre que oui, probablement, ce<br />

serait... mais je m’endormis aussitôt sur place.<br />

Le lendemain matin, lorsqu’il vint s’asseoir à la table de la<br />

salle à manger du caravansérail, mon oncle portait toujours sa<br />

tenue de prêtre, et mon père recommença aussitôt à le prendre<br />

à partie. Narine et moi étions présents, mais ne nous mêlâmes<br />

pas à la dispute. Pour le musulman qu’était notre esclave,<br />

c’était, je suppose, une affaire sans le moindre intérêt. Quant à<br />

moi, ma tête me faisait trop mal pour intervenir. Mais notre<br />

discussion et notre rupture de jeûne furent toutes deux<br />

interrompues par l’arrivée d’un messager mongol arrivant tout<br />

droit du bok. L’homme, vêtu d’une splendide tenue de guerre,<br />

marcha en plastronnant à travers la salle à manger de l’air d’un<br />

conquérant, se dirigea directement vers notre table et, sans la<br />

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