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inquiétante flamme rouge. Quoique moins solidement<br />

charpentées que les hommes, elles semblent malgré tout<br />

massives, à cause des habits épais qu’elles portent.<br />

Accoutumées comme eux depuis toujours à monter à cheval,<br />

chevauchant à califourchon, elles conservent la démarche<br />

traînante qu’ont les cavaliers lorsqu’ils se retrouvent à pied.<br />

Elles n’arborent pas, bien sûr, la fine barbe ou la moustache<br />

qu’affectionnent certains hommes. Ceux-ci gardent en revanche<br />

souvent les cheveux longs comme leurs femmes, parfois noués<br />

en tresse sur l’arrière de la tête, parfois rasés en couronne<br />

comme la tonsure des prêtres. Les femmes les portent relevés<br />

en chignons élaborés, et il leur arrive de ne le faire qu’une fois<br />

dans toute leur vie, car lorsqu’elles ont édifié cette coiffure, elles<br />

la vernissent de la sève épaisse de l’arbre wutung, ou parasol<br />

chinois. Elles fixent à son sommet une pièce d’ornementation à<br />

base d’écorce appelée gugu, décorée de morceaux de feutre et<br />

de rubans multicolores. Avec cette coiffure compacte augmentée<br />

de la taille du gugu, les femmes semblent mesurer deux pieds<br />

de plus que les hommes, à tel point qu’elles ne peuvent pénétrer<br />

dans leur yourte qu’en inclinant la tête.<br />

Pendant que je conversais assis avec mes hôtes, la femme de<br />

notre yourte entra et sortit à plusieurs reprises, se penchant à<br />

chaque fois. Ce mouvement n’avait toutefois rien d’une<br />

génuflexion, et elle ne faisait montre par ailleurs d’aucun signe<br />

d’asservissement ou de servilité. Elle s’affairait simplement à sa<br />

tâche, emplissant de nouvelles cruches de kumis et d’arkhi à<br />

notre intention, reprenant celles qui étaient vides et veillant à<br />

notre confort. Son mari l’appelait simplement nai, qui signifie<br />

« femme », mais tous les autres hommes présents lui donnaient<br />

courtoisement du sain nai. Je fus enchanté de constater qu’une<br />

« bonne femme » ne se comportait pas plus en esclave qu’elle<br />

n’était traitée comme telle. La femme mongole n’est en effet<br />

nullement obligée, comme les musulmanes, de se voiler le<br />

visage d’un tchador ou de vivre en pardah, pas plus qu’elle n’est<br />

soumise aux autres humiliations réservées au sexe féminin. Elle<br />

est censée être chaste, au moins après son mariage, mais nul ne<br />

s’offusque si elle use d’un langage un tant soit peu débridé,<br />

éclate de rire à une histoire légère... ou en conte une elle-même,<br />

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