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qu’un instant à leur Ennui. Et c’est ce qu’ils font, depuis lors. Ils<br />

en profitent pour se répandre à la surface de la Terre et se<br />

donner un peu d’activité en pénétrant dans les pensées des gens<br />

endormis. C’est ainsi, acheva le sha’ir, que, chaque nuit, tout<br />

dormeur peut être distrait, instruit, mis en garde ou terrifié par<br />

un Rêve, tout dépend de celui qui intervient cette nuit-là : un<br />

Rêve fille, salutaire et bienfaisant, ou un Rêve garçon, espiègle<br />

et malicieux, l’humeur du rêveur pouvant également influencer<br />

la qualité du Rêve.<br />

Quand cette conclusion fut prononcée, de nombreux<br />

murmures d’approbation s’élevèrent dans la foule, et la bourse<br />

du vieillard résonna de l’avalanche de pièces qui y furent jetées.<br />

J’y ajoutai pour ma part une petite pièce de cuivre shahi, ayant<br />

trouvé l’histoire amusante. Et guère plus incroyable, à tout<br />

prendre, que la plupart des autres mythes orientaux. Le tableau<br />

que peignait le conteur de ces Rêves au tempérament<br />

changeant, qui allaient fourrer partout leurs nez indiscrets, ne<br />

me paraissait pas dénué de logique. Il fournissait une<br />

explication plausible à des phénomènes fréquents en Orient,<br />

telle la redoutable visite nocturne des incubes, démons<br />

masculins qui viennent abuser des chastes femmes durant leur<br />

sommeil, et celle des succubes, diablesses qui surgissent à la<br />

faveur des ténèbres pour dévoyer les prêtres.<br />

Lorsque le coucher du soleil marqua la fin effective du<br />

Ramadan, je me rendis à la porte de derrière de la maison de la<br />

veuve, et Sitarè me fit entrer dans la cuisine. Nous nous y<br />

trouvions seuls, et elle me paraissait en proie à une excitation à<br />

peine dissimulée, à en juger par ses yeux brillants et ses mains<br />

folâtres. Elle semblait avoir revêtu ses plus beaux atours, s’était<br />

souligné les yeux d’un trait de khôl et avait coloré ses lèvres au<br />

jus de baies sauvages. Le rose vif de ses joues ne devait rien,<br />

quant à lui, à la cosmétique.<br />

— Tu t’es habillée comme pour un jour de fête, fis-je<br />

remarquer.<br />

— Oui, mais c’est aussi pour te plaire. Je ne vais pas faire<br />

semblant, Mirza Marco. Je t’ai confié combien j’étais flattée<br />

d’être l’objet de tes ardeurs, et je le suis. Regarde, j’ai étalé une<br />

paillasse pour nous deux, là-bas, dans le coin. Et je me suis<br />

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