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eprésentait, jamais plus ce ne serait avec le bel Aziz. Il s’en était<br />

allé, et l’occasion avec lui : sans avoir besoin pour cela de me<br />

retrouver sur mon lit de mort, j’en ressentis toute la détresse.<br />

Mais j’avais survécu. J’étais encore vivant, et tous, mon<br />

oncle, mon père et nos compagnons, nous étions remis en<br />

marche, voyageurs de toujours... N’est-ce pas tout ce que peut<br />

faire l’être humain sur cette terre, au bout du compte, pour<br />

oublier la mort, ou du moins la défier ?<br />

Nous ne fûmes plus confrontés aux Karauna ni à aucun<br />

autre rôdeur et, durant le reste de notre traversée du désert,<br />

nous ne croisâmes pas âme qui vive. Ou bien notre escorte<br />

mongole s’avérait superflue, ou sa simple présence avait suffi à<br />

dissuader toute attaque. Nous quittâmes les basses terres<br />

sableuses aux abords des montagnes Binalud, que nous<br />

franchîmes pour gagner Mechhed. C’était une ville agréable,<br />

plaisante, un peu plus étendue que Kachan, aux rues bordées de<br />

chinars et de mûriers.<br />

Mechhed est aussi l’une des principales villes saintes de la<br />

Perse islamique, car l’un des martyrs hautement révérés de<br />

jadis, l’imam Riza, est enterré sous un masjid magnifiquement<br />

orné de la ville. Lorsqu’un musulman s’y est rendu, il gagne le<br />

titre de meshadi, tout comme le pèlerin de La Mecque devient<br />

hadji. La majeure partie de la population de la ville se<br />

composait donc de pèlerins de passage, et, pour cette raison,<br />

Mechhed disposait d’un choix respectable de vastes<br />

caravansérails aussi propres que confortables. Nos trois<br />

Mongols nous conduisirent vers l’un des meilleurs et y<br />

passèrent une nuit avant de retourner poursuivre leur patrouille<br />

au Dasht-e-Kavir.<br />

C’est là qu’ils firent montre d’une autre de leurs si<br />

particulières coutumes. Tandis que mon père, mon oncle et<br />

moi-même trouvions à bien nous loger à l’intérieur de l’auberge<br />

et que notre conducteur de chameaux Narine était trop heureux<br />

de partager l’étable avec ses animaux, les Mongols insistèrent<br />

pour dérouler leurs nattes dehors, au centre de la cour, et<br />

attachèrent leurs chevaux près d’eux. Le tenancier de<br />

l’établissement voulut bien tolérer de leur part cette<br />

excentricité, mais ce n’est pas le cas de tous. Comme je pus<br />

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