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et la paix soient sur lui. Ces gens-là vouent toujours un culte à<br />

Ormuzd, dieu du feu de jadis, auquel personne ne croit plus<br />

aujourd’hui... Et ils ont recours à des pratiques... disons,<br />

passablement condamnables.<br />

— Je vois, lâchai-je, complètement refroidi. Et qu’irais-je<br />

faire dans la maison de ces païens illégitimes ?<br />

— Ce gebr, qui s’est affranchi de toute observance des règles<br />

musulmanes, ne respecte, comme on pouvait s’y attendre,<br />

aucune règle de décence. Si la devanture de son établissement<br />

est celle d’un banal commerce, à l’arrière se cache une maison<br />

de rendez-vous qui permet aux amants de se rencontrer dans la<br />

plus grande clandestinité. Par ma barbe, c’est une abomination !<br />

— Bon, et alors ? En quoi tout cela me concerne-t-il ? Va<br />

donc toi-même en référer à un mufti !<br />

— Je devrais le faire, étant un musulman dévoué : car le<br />

doute n’est pas permis. Mais... j’aimerais d’abord que vous alliez<br />

vérifier par vous-même si l’abomination du gebr est bien réelle,<br />

maître Marco.<br />

— Moi ? Mais que veux-tu que j’en aie à faire ?<br />

— N’êtes-vous donc pas, vous autres chrétiens, des gardiens<br />

scrupuleux de la bienséance ?<br />

— Je n’ai rien contre les amants, affirmai-je, m’apitoyant<br />

une seconde sur moi-même. Au contraire, je les envie ! Je ne<br />

demanderais qu’à connaître quelqu’un que j’inviterais à me<br />

rejoindre derrière, chez ce gebr...<br />

— C’est que, justement, il se rend également coupable d’une<br />

autre offense contre la morale. Pour ceux qui n’auraient pas de<br />

galante à qui donner rendez-vous, il tient prêtes deux ou trois<br />

filles à cet usage, dont on peut aisément louer les services.<br />

— Hum. En effet, là, ça commence à dépasser les bornes. Tu<br />

as bien fait d’attirer mon attention sur tout ceci, Narine. À<br />

présent, si tu pouvais m’indiquer l’adresse exacte de cet<br />

établissement du diable, je pourrais sans doute donner suite à ta<br />

vigilance toute chrétienne...<br />

Le lendemain, jour où la neige tombait dru, dès que mon<br />

père et Narine s’en furent allés et que j’eus dûment enveloppé<br />

oncle Matteo d’épaisses peaux de chèvre, je m’empressai de me<br />

rendre à pied jusqu’à l’échoppe que m’avait obligeamment<br />

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