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Si toutes mes journées volées à l’école avaient été<br />

consacrées à d’aussi fructueuses conversations, nul n’aurait<br />

trouvé à s’en plaindre. J’aurais probablement bénéficié d’une<br />

meilleure éducation que celle que me donnerait jamais frère<br />

Evariste. Mais, inévitablement, mes flâneries sur le front de mer<br />

devaient me mettre en contact avec des personnes un peu moins<br />

admirables qu’Isidoro le commis.<br />

Je ne veux pas dire par là que la Riva ait été en aucune<br />

façon une rue de roturiers. Bien qu’elle fourmille d’hommes de<br />

peine, de marins et de pêcheurs à toute heure du jour, on y<br />

trouve tout autant de marchands élégamment vêtus, d’agents de<br />

change et autres hommes d’affaires, souvent en compagnie de<br />

leurs épouses fort distinguées. La Riva est en effet aussi un lieu<br />

de promenade prisé. La nuit tombée, lorsque la température<br />

s’adoucit, les jeunes gens à la mode viennent là simplement<br />

pour baguenauder et profiter de la brise de la lagune. Il n’en<br />

reste pas moins que, de jour comme de nuit, rôdent parmi ces<br />

gens des rustres, des aigrefins coupeurs de bourse, des<br />

prostituées et autres spécimens de cette engeance que l’on<br />

nomme populace. Parmi eux, à titre d’exemple, les garnements<br />

dont je fis la rencontre, un après-midi, sur les quais de<br />

déchargement de cette Riva, lorsque l’un d’eux se présenta en<br />

me lançant un poisson.<br />

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