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clos et discret, nous dérobant aux regards. Ils me firent alors<br />

comprendre que cette position érigée était qualifiée de<br />

malpropre par leur livre sacré, le Coran, et qu’un Arabe, sauf s’il<br />

avait à débarrasser ses intestins de façon plus conséquente,<br />

répugnait à s’enfermer dans des cabinets, que l’on nommait<br />

mustarah. Pourquoi ? Parce que ces lieux clos étaient des<br />

endroits dangereux. Cette assertion me sembla bien étrange, et,<br />

ma curiosité étant à son comble, les garçons décidèrent<br />

d’éclairer ma lanterne au plus vite. Comme les chrétiens, les<br />

musulmans croient en l’existence de démons et de créatures<br />

maléfiques tapis dans les profondeurs du sol. On les appelle ici<br />

djinn ou afarit. Or ceux-ci peuvent aisément grimper en passant<br />

par ce trou creusé dans le sol sous les lieux d’aisances.<br />

L’explication semblait plausible. Pendant longtemps, je ne pus<br />

m’asseoir au-dessus de la fosse des commodités sans envisager<br />

avec effroi l’étreinte possible de serres jaillies de l’au-delà.<br />

Quel que soit l’aspect disgracieux de l’accoutrement des<br />

Arabes dans la rue, il demeure mille fois plus agréable à l’œil<br />

que celui de leurs femmes. Ce qui choque particulièrement les<br />

concernant, c’est justement qu’on les différencie très mal des<br />

hommes. Les trousses, la chemise et l’aba sont les mêmes, et, en<br />

définitive, seule leur coiffe permet de les distinguer. Au lieu du<br />

keffieh, elles portent un tchador, ou voile, qui les recouvre du<br />

haut de la tête jusqu’aux pieds, par-devant, par-derrière et tout<br />

autour d’elles. Certaines ont un voile noir suffisamment fin pour<br />

qu’on puisse voir à travers, d’autres un tchador plus épais, doté<br />

d’une mince fente au niveau des yeux. Enveloppées dans leurs<br />

amples vêtements et couvertes de ce voile, les femmes ne<br />

ressemblent plus qu’à d’épaisses masses mouvantes. D’ailleurs,<br />

à la vérité, à moins qu’elles ne soient effectivement en<br />

mouvement, il est presque impossible pour un non-Arabe de<br />

discerner chez elles l’avant de l’arrière.<br />

À l’aide de gestes et de grimaces, je réussis à poser la<br />

question à mes camarades. Supposons qu’à la manière des<br />

Vénitiens ils se promènent dans la rue pour lorgner les jolies<br />

filles... Comment feraient-ils, justement, pour distinguer<br />

lesquelles de ces femmes étaient belles ?<br />

Ils me laissèrent entendre que la première marque de<br />

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