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Lors de ma visite suivante à la maison de passe de Shimon<br />

(elles étaient assez fréquentes, une ou deux par semaine), je<br />

demandai à ravoir Chiv. J’étais totalement satisfait par sa façon<br />

de pratiquer la surata et avais presque cessé de prêter attention<br />

à la couleur qahwah de sa peau. Sachant qu’aucune des autres<br />

pensionnaires de Shimon n’égalait Chiv tant par la beauté du<br />

visage que par la grâce du corps, je n’étais pas disposé du tout à<br />

essayer les autres couleurs ou races que le Juif pouvait avoir en<br />

magasin. Mais la surata ne fut pas mon unique divertissement,<br />

au cours de l’hiver. Il se passait sans cesse, à Buzai Gumbad, des<br />

choses nouvelles pour moi et donc susceptibles de m’intéresser.<br />

Lorsque j’entendais du bruit à un endroit, sans même savoir s’il<br />

s’agissait de quelqu’un qui avait marché sur un chat ou du début<br />

d’un concert de musique traditionnelle, je me rendais sur place<br />

pour juger de ce qui se profilait. Je pouvais fort bien ne tomber<br />

que sur un mirasi ou un najhaya malang, mais ce pouvait tout<br />

aussi bien être un spectacle plus digne d’intérêt.<br />

Un mirasi n’était rien d’autre qu’un chanteur, mais d’un<br />

genre assez particulier puisqu’il ne faisait que mettre en<br />

musique l’histoire d’une famille. Sur demande, et contre<br />

rétribution, il s’installait devant son sarangi, un instrument<br />

proche de la vielle, dont il jouait à l’aide d’un archet, mais qui<br />

restait posé à même le sol. Il faisait émettre à ses cordes un<br />

bruit de scie, en accompagnant ces gémissements de la litanie<br />

psalmodiée de tous les aïeux du prophète Mahomet,<br />

d’Alexandre le Grand ou d’autres personnages historiques. Mais<br />

comme chacun connaissait par cœur ou presque la généalogie<br />

de toutes ces notabilités, on ne réclamait plus trop ce genre de<br />

spectacle. La plupart du temps, le mirasi était requis par une<br />

famille de demandeurs pour chanter sa propre histoire. Ils ne<br />

devaient consentir cette dépense, m’imaginais-je, que pour le<br />

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