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Kaidu.<br />

Je ne m’en étais pas approché lors de ma récente visite au<br />

campement et réalisais maintenant que c’était ce genre de<br />

yourte qui avait dû inspirer le mot « horde » en Occident. Cette<br />

tente ressemblait en effet à un si grand pavillon qu’il aurait pu<br />

englober plusieurs yourtes à lui seul. Sa taille et sa hauteur<br />

étaient voisines de celles du caravansérail où nous logions. Mais<br />

ce dernier était un bâtiment en dur, contrairement à cette<br />

demeure de feutre teinté à la boue jaune qui tenait sur des<br />

piquets de tente et grâce à des cordes de crin tissé. Quelques<br />

mastiffs grognaient et tiraient sur leur chaîne devant l’entrée<br />

sud, obturée par deux grands panneaux de feutre brodés de<br />

façon fort élaborée. La yourte n’était pas un palais, mais elle<br />

surpassait nettement les autres par sa prestance, et, garé à<br />

proximité, s’étendait le plus grand chariot que j’eusse jamais vu.<br />

C’est que le pavillon de Kaidu se transportait tel quel, sans être<br />

jamais démonté. L’engin ressemblait à un lit plat de planches<br />

aussi vaste qu’une prairie, monté sur un essieu gros comme un<br />

tronc d’arbre, avec des roues grandes comme celles d’un<br />

moulin. Pour le mettre en mouvement, appris-je plus tard, il ne<br />

fallait pas moins de vingt-deux yacks attelés en onze paires de<br />

front. (Il valait mieux que ces tracteurs fussent des bêtes<br />

placides, yacks ou bœufs, car des chevaux ou des chameaux<br />

n’auraient jamais travaillé à si peu de distance les uns des<br />

autres.)<br />

Le messager se pencha entre les battants de feutre pour<br />

annoncer notre arrivée à son seigneur, ressortit la tête et fit un<br />

moulinet de bras nous intimant d’entrer. Puis, comme nous<br />

passions devant lui, il barra le passage à Narine en grognant :<br />

« Pas d’esclaves ! » et le repoussa dehors. Il y avait une raison à<br />

cela. Les Mongols se considèrent comme supérieurs par nature<br />

à tous les autres hommes libres de cette Terre, rois et empereurs<br />

compris, aussi tout homme tenu pour inférieur par leurs<br />

inférieurs est indigne même de leur mépris.<br />

L’ilkhan Kaidu nous regarda en silence tandis que nous<br />

traversions l’intérieur richement tapissé et meublé de coussins,<br />

jusqu’à l’endroit où il était assis sur un tas de fourrures<br />

bariolées et tachetées – des peaux de tigres et de léopards, à<br />

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