L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
trimestriels, interceptent les lettres du proviseur... jusqu’à ce que Lagneau<br />
se fasse prendre à jeter <strong>de</strong>s b<strong>ou</strong>les puantes dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Le père est<br />
convoqué au lycée, il va, enfin, apprendre <strong>la</strong> vérité. C’est alors que, p<strong>ou</strong>r<br />
sauver <strong>la</strong> situation, le jeune Marcel Pagnol va voir le camionneur et lui<br />
explique qu’il est, lui, l’auteur du méfait et que son fils ne s’est dénoncé<br />
que par amitié et dév<strong>ou</strong>ement p<strong>ou</strong>r son camara<strong>de</strong>. Le père est tellement<br />
t<strong>ou</strong>ché <strong>de</strong> cette « bonne action » qu’il offre à son fils un vélo : « Le terrible<br />
camionneur s’était levé <strong>la</strong> nuit p<strong>ou</strong>r simuler à <strong>la</strong> Pentecôte un revenez-y du<br />
Père Noël. » De ce j<strong>ou</strong>r, t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong> va joindre ses efforts p<strong>ou</strong>r ai<strong>de</strong>r le<br />
cancre Lagneau à obtenir quelques résultats sco<strong>la</strong>ires et à honorer <strong>la</strong><br />
confiance <strong>de</strong> son père. Les premiers effets ne se font pas attendre et,<br />
conclut Marcel Pagnol : « Dès que les professeurs commencèrent à le<br />
traiter en bon élève, il le <strong>de</strong>vint véritablement : p<strong>ou</strong>r que les gens méritent<br />
notre confiance, il faut commencer par <strong>la</strong> leur donner. »<br />
P<strong>ou</strong>r un Lagneau <strong>de</strong> sauvé, combien d’enfants étiquetés définitivement,<br />
considérés comme irrécupérables et orientés dans les filières du mépris ? Et<br />
n<strong>ou</strong>s ne savons pas, n<strong>ou</strong>s ne saurons jamais, si le gamin dont on finit par se<br />
débarrasser, ce n’est pas encore un « Mozart qu’on assassine ».<br />
Un autre exemple, qui incite à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie et <strong>de</strong>vrait n<strong>ou</strong>s enc<strong>ou</strong>rager à<br />
ne jamais désespérer : cet élève, titu<strong>la</strong>ire d’un CAP veut s’inscrire en BEP.<br />
Les formu<strong>la</strong>ires ne sont pas disponibles, il ne reste que ceux du bac. Qu’à<br />
ce<strong>la</strong> ne tienne, il s’inscrit au bac, le réussit et se retr<strong>ou</strong>ve quelques années<br />
plus tard bril<strong>la</strong>mment diplômé <strong>de</strong> Sciences politiques ! Certes, on n’est<br />
jamais sûr qu’un élève en difficulté p<strong>ou</strong>rra réussir, mais on n’est jamais<br />
sûr, non plus, qu’il éch<strong>ou</strong>era ? Beauc<strong>ou</strong>p d’enfants et d’adolescents doivent<br />
penser, après avoir entendu un enseignant déci<strong>de</strong>r en une phrase <strong>de</strong> leur<br />
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