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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

P<strong>ou</strong>r réduire <strong>la</strong> violence, il faut ai<strong>de</strong>r les jeunes à réfléchir avant <strong>de</strong><br />

passer à l’acte. Mais, p<strong>ou</strong>r les barbares, réfléchir c’est se mettre en position<br />

<strong>de</strong> faiblesse, réfléchir c’est m<strong>ou</strong>rir. Donc ils continuent à frapper avant <strong>de</strong><br />

penser, et certains ne réfléchissent jamais, ni sur les causes ni sur les effets<br />

<strong>de</strong> leurs agressions.<br />

Cette violence, en dépit <strong>de</strong> quelques situations heureusement<br />

exceptionnelles, ne s’exerce pas tellement à l’égard <strong>de</strong>s enseignants, mais<br />

plutôt entre élèves. C’est p<strong>ou</strong>rquoi les jeunes violents, quand ils sont<br />

menacés <strong>de</strong> sanctions disciplinaires, comprennent mal que les adultes<br />

s’immiscent dans leurs affaires. Lors d’un conseil <strong>de</strong> discipline un élève<br />

qui avait violenté gravement l’un <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s se défendait ainsi : « Je<br />

ne comprends pas ce que v<strong>ou</strong>s avez à me reprocher. Moi, je n’ai jamais<br />

tapé un prof. Nos affaires entre n<strong>ou</strong>s, ça ne v<strong>ou</strong>s regar<strong>de</strong> pas. Si le gars que<br />

j’ai amoché veut se venger, il le fera... C’est son problème et le mien, pas<br />

le vôtre ! » On retr<strong>ou</strong>ve les mêmes réactions chez les racketteurs, les caïds,<br />

les trafiquants en t<strong>ou</strong>s genres.<br />

La seule solution, difficile et qui ne peut être mise en œuvre que dans <strong>la</strong><br />

durée, est d’installer le sursis à l’acte au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>sse et <strong>de</strong> l’établissement, au nom d’une Loi sacrée qui interdit <strong>la</strong><br />

violence. Car, p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir discuter <strong>de</strong>s règles, il faut respecter cette Loi<br />

qui, elle, n’est pas discutable : « Tu as le droit <strong>de</strong> v<strong>ou</strong>loir <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> ton<br />

ennemi, tu as le droit <strong>de</strong> penser à te venger (d’ailleurs t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong> a<br />

parfois <strong>de</strong> telles idées, et tu n’es pas un monstre parce qu’elles te passent<br />

par <strong>la</strong> tête)... mais tu n’as pas le droit <strong>de</strong> le faire. » Apprendre à mettre une<br />

distance entre l’acte et <strong>la</strong> pensée, c’est sortir <strong>de</strong>s limbes <strong>de</strong> <strong>la</strong> t<strong>ou</strong>te-<br />

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