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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

il se retr<strong>ou</strong>vera affecté dans un atelier, un magasin <strong>ou</strong> un bureau. Comment<br />

se montrerait-il motivé, comment s’engagerait-il dans un projet collectif<br />

alors que les adultes lui ont volé le droit <strong>de</strong> concevoir son projet individuel<br />

? En fait, ce jeune <strong>de</strong>viendra un individu tronqué, assigné à rési<strong>de</strong>nce dans<br />

<strong>de</strong>s tâches subalternes, privé d’un accès à <strong>la</strong> parole socialisée. Le temps est<br />

passé où les syndicats organisaient <strong>de</strong>s universités popu<strong>la</strong>ires, où une<br />

véritable culture <strong>ou</strong>vrière était diffusée dans les entreprises et où <strong>la</strong><br />

promotion personnelle p<strong>ou</strong>vait passer par le militantisme politique.<br />

Actuellement, les notables tiennent les partis et les associations ; les<br />

recrutements se font à t<strong>ou</strong>s les niveaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie et bloquent<br />

l’avancement interne ; <strong>la</strong> formation interne n’ab<strong>ou</strong>tit que rarement à une<br />

vraie promotion : là aussi l’ascenseur social est en panne.<br />

Il faut aj<strong>ou</strong>ter que l’apprentissage et les formations techniques s<strong>ou</strong>ffrent<br />

d’un manque <strong>de</strong> considération sociale. P<strong>ou</strong>r que les jeunes empruntent<br />

cette voie, il ne suffit pas <strong>de</strong> campagnes <strong>de</strong> publicité financées par le<br />

g<strong>ou</strong>vernement <strong>ou</strong> le CNPF. Les jeunes et leurs familles font très bien <strong>la</strong><br />

différence entre les belles photos sur papier g<strong>la</strong>cé, qui promettent un avenir<br />

sans nuages, et <strong>la</strong> réalité : <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> misère, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail<br />

difficiles. Et, surt<strong>ou</strong>t, le pire, ce qui provoque <strong>la</strong> méfiance absolue <strong>de</strong>s<br />

jeunes : le mépris <strong>la</strong>rvé <strong>ou</strong> affiché <strong>de</strong> beauc<strong>ou</strong>p <strong>de</strong> chefs d’entreprises, <strong>de</strong><br />

cadres <strong>ou</strong> <strong>de</strong> contremaîtres p<strong>ou</strong>r les apprentis. Certes, quelques entreprises<br />

fonctionnent différemment et mettent en pratique d’autres valeurs, mais,<br />

dans beauc<strong>ou</strong>p d’entre elles, les apprentis sont dévalorisés et écartés <strong>de</strong>s<br />

tâches formatrices. Comment s’étonner alors du regard négatif porté sur les<br />

apprentis par l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> société ? Une enquête menée en 1995 par le<br />

ministère <strong>de</strong> l’Éducation nationale montrait qu’un contrat d’apprentissage<br />

sur quatre était rompu avant son terme, le plus s<strong>ou</strong>vent par l’apprenti lui-<br />

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