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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

sélectionne. Si t<strong>ou</strong>s les jeunes p<strong>ou</strong>vaient croire, ne serait-ce qu’une<br />

secon<strong>de</strong>, que l’école les ai<strong>de</strong>ra à <strong>de</strong>venir quelqu’un dans <strong>la</strong> société,<br />

d’accé<strong>de</strong>r à un statut social, avant même <strong>de</strong> décrocher un emploi, ils <strong>la</strong><br />

fuiraient moins, <strong>la</strong> casseraient moins, <strong>la</strong> respecteraient plus. Hé<strong>la</strong>s, l’emploi<br />

manque et le statut social leur échappe. Confrontés à l’humiliation au<br />

quotidien, ils n’ont aucune raison <strong>de</strong> respecter une institution qui ne met<br />

pas en pratique les valeurs qu’elle annonce et baf<strong>ou</strong>e les principes dont elle<br />

exige le respect.<br />

Auj<strong>ou</strong>rd’hui, les enfants « chauves-s<strong>ou</strong>ris », comme les appelle <strong>Philippe</strong><br />

Gaberan, issus <strong>de</strong>s divorces et <strong>de</strong>s fractures multiples, ne croient ni dans les<br />

adultes qui leur ont trop menti ni dans l’école qui les désespère. Les valeurs<br />

<strong>de</strong>s jeunes dans leur ensemble divergent <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> l’école<br />

et <strong>de</strong> l’entreprise. P<strong>ou</strong>r le chef d’entreprise, ce qui compte d’abord, c’est<br />

l’obéissance, le respect et <strong>la</strong> ponctualité. Or, faute d’une formation<br />

véritable aux exigences sociales, faute d’en avoir épr<strong>ou</strong>vé eux-mêmes <strong>la</strong><br />

nécessité, les jeunes ne voient là qu’une forme <strong>de</strong> s<strong>ou</strong>mission, voire <strong>de</strong><br />

vexation. Ils réc<strong>la</strong>ment dialogue, confiance et responsabilités. Mais, le<br />

déficit <strong>de</strong> formation est tel que, quand on leur témoigne cette confiance, ils<br />

ne savent pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs s’en montrer dignes... et il faut revenir à l’autorité, à<br />

l’autoritarisme même, s<strong>ou</strong>s le regard satisfait <strong>de</strong>s oiseaux <strong>de</strong> mauvais<br />

augure qui se frottent les mains en répétant : « Je v<strong>ou</strong>s l’avais bien dit. »<br />

Le slogan républicain, « Liberté, égalité, fraternité », ne signifie plus<br />

grand-chose p<strong>ou</strong>r les jeunes d’auj<strong>ou</strong>rd’hui.<br />

Liberté ? Est-ce <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> chercher désespérément un stage, <strong>de</strong> galérer<br />

<strong>de</strong> petit b<strong>ou</strong>lot en petit b<strong>ou</strong>lot <strong>ou</strong> <strong>de</strong> quéman<strong>de</strong>r les ai<strong>de</strong>s sociales <strong>de</strong> l’État<br />

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