L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
connaissance <strong>de</strong> l’orthographe et <strong>de</strong> <strong>la</strong> grammaire, il faut qu’ils épr<strong>ou</strong>vent<br />
le p<strong>la</strong>isir d’une véritable correspondance avec un ami, qu’ils affrontent<br />
l’angoisse <strong>de</strong> l’écriture et vivent les immenses satisfactions qu’elle<br />
procure... Écartons les choix bas <strong>de</strong> gamme qui inféo<strong>de</strong>nt l’école à une<br />
logique utilitariste. Refusons <strong>de</strong> n<strong>ou</strong>s en tenir à un ensemble <strong>de</strong> savoir-faire<br />
hétéroclites : remplir sa feuille d’impôts, comprendre <strong>la</strong> météorologie <strong>ou</strong><br />
calculer un taux <strong>de</strong> proportionnalité. T<strong>ou</strong>t ce<strong>la</strong> est utile mais sans logique et<br />
surt<strong>ou</strong>t sans principe unificateur ni é<strong>la</strong>n mobilisateur. Jamais les jeunes ne<br />
se rassembleront sur <strong>de</strong>s connaissances <strong>de</strong> ce type, dont le sens n’est<br />
accessible qu’à une petite minorité, précisément <strong>la</strong> seule capable <strong>de</strong> les<br />
inscrire dans une histoire qui leur donne du sens.<br />
Si l’on veut reconstituer ce lien social qui n<strong>ou</strong>s fait défaut auj<strong>ou</strong>rd’hui, il<br />
faut remonter ensemble, professeurs et élèves, aux questions fondatrices<br />
<strong>de</strong>s savoirs et resituer ceux-ci dans <strong>de</strong>s interrogations aussi vieilles que<br />
l’histoire <strong>de</strong> l’homme, <strong>de</strong>s questions communes qui fon<strong>de</strong>nt une<br />
irréductible ressemb<strong>la</strong>nce, celle qui n<strong>ou</strong>s différencie <strong>de</strong> l’animal.<br />
Il faut voir <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> <strong>la</strong> banlieue travailler sur le rôle du masque dans<br />
<strong>la</strong> Commedia <strong>de</strong>ll’arte et Les Mille et une nuits. Personne ne peut parler ici<br />
<strong>de</strong> pédagogie démagogique, <strong>de</strong> s<strong>ou</strong>s-culture, ni dénoncer le manque<br />
d’exigence et <strong>la</strong> tentation <strong>de</strong> facilité. Ces jeunes, rejetés <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie noble <strong>de</strong><br />
l’école traditionnelle, abor<strong>de</strong>nt à leur façon les questions essentielles et<br />
philosophiques du « même » et <strong>de</strong> l’ « autre », <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne et du<br />
personnage : qui se cache <strong>de</strong>rrière le masque ? P<strong>ou</strong>rquoi le masque est-il<br />
parfois nécessaire p<strong>ou</strong>r accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions humaines ? Ils<br />
viendront ensuite à Beaumarchais et à Mozart. Accessoirement, par <strong>la</strong><br />
médiation d’une œuvre qui permet <strong>de</strong> s’impliquer sans parler directement<br />
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