L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
ils ne g<strong>ou</strong>verneront que du b<strong>ou</strong>t <strong>de</strong>s doigts, prêts à faire volte-face et à t<strong>ou</strong>t<br />
abandonner en rase campagne à <strong>la</strong> moindre alerte.<br />
Car le ministre n’est pas le seul patron <strong>de</strong> l’Éducation nationale. Il<br />
partage son p<strong>ou</strong>voir avec les syndicats. Sur une question aussi sensible que<br />
celle <strong>de</strong>s mutations, le principal syndicat <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré<br />
se vante parfois <strong>de</strong> faire changer 30 à 40 % <strong>de</strong>s affectations dans les<br />
établissements décrétées par le ministère. C’est une gestion <strong>de</strong> connivence.<br />
Le ministre ne peut guère b<strong>ou</strong>ger sans avoir négocié à l’avance et obtenu<br />
un feu vert syndical. De leur côté, beauc<strong>ou</strong>p <strong>de</strong> responsables syndicaux<br />
restent crispés sur les avantages acquis : p<strong>ou</strong>r gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong> leur<br />
base, ils doivent défendre avant t<strong>ou</strong>t les intérêts individuels et collectifs <strong>de</strong>s<br />
enseignants, si bien qu’ils s’accrochent à <strong>de</strong>s positions archaïques dans <strong>la</strong><br />
mesure où elles représentent <strong>de</strong>s symboles forts du « p<strong>ou</strong>voir enseignant ».<br />
Ainsi, à peine le ministre se hasar<strong>de</strong>-t-il à proposer une réforme <strong>de</strong>s<br />
examens <strong>de</strong> l’enseignement technique en introduisant une part <strong>de</strong> contrôle<br />
continu - comme le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt t<strong>ou</strong>s les professionnels et les pédagogues -<br />
qu’il doit vite battre en retraite s<strong>ou</strong>s les injonctions d'un syndicat puissant,<br />
non sans rendre hommage, au passage, à son « sens <strong>de</strong>s responsabilités ».<br />
Autre pression moins connue mais très pesante : celle <strong>de</strong>s « associations<br />
<strong>de</strong> spécialistes ». Chacune d’elles (les professeurs <strong>de</strong> biologie, d’histoire,<br />
<strong>de</strong> philosophie, d’ang<strong>la</strong>is, etc.) veille jal<strong>ou</strong>sement aux intérêts <strong>de</strong> sa<br />
discipline. Dès que le ministère <strong>ou</strong> le Conseil national <strong>de</strong>s programmes<br />
proposent <strong>de</strong> réexaminer les programmes et les horaires d’une discipline,<br />
leurs membres serrent les rangs p<strong>ou</strong>r garantir le statu quo et obtenir au<br />
contraire un renforcement <strong>de</strong> leur poids dans <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité. Aux exceptions<br />
notables <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> mathématiques et <strong>de</strong> français qui combattent,<br />
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