L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
L’histoire <strong>de</strong> l’école française, construite contre les familles, contre les<br />
pauvres obligés <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>riser leurs enfants plutôt que <strong>de</strong> les envoyer au<br />
travail et contre les riches qui voyaient régresser l’influence <strong>de</strong> l’Église,<br />
explique le ma<strong>la</strong>ise, tantôt caché, tantôt av<strong>ou</strong>é, entre l’école et les parents.<br />
Tant que, d’une part, l’école consolidait <strong>la</strong> patrie en danger et que, d’autre<br />
part, elle <strong>la</strong>issait entrevoir l’espoir d’une promotion sociale, les Français<br />
acceptaient qu’elle concurrence et même supp<strong>la</strong>nte leur influence. Mais ces<br />
<strong>de</strong>ux rôles majeurs ont disparu et, avec eux, <strong>la</strong> légitimité même <strong>de</strong><br />
l’institution.<br />
En effet, l’école républicaine <strong>de</strong> Jules Ferry était censée faire rempart<br />
aux divers ennemis <strong>de</strong> <strong>de</strong> l’État-nation : les curés qui s<strong>ou</strong>tenaient les<br />
b<strong>ou</strong>rgeois anti-républicains, le patronat conservateur et paternaliste, et<br />
l’Allemagne, ennemi héréditaire par excellence.... sans compter « les<br />
r<strong>ou</strong>ges », t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs présentés avec le c<strong>ou</strong>teau entre les <strong>de</strong>nts. Auj<strong>ou</strong>rd’hui,<br />
n<strong>ou</strong>s n’avons plus guère d’ennemis et ceux qui désignent les émigrés<br />
comme b<strong>ou</strong>cs émissaires ne proposent pas <strong>de</strong> les combattre mais plutôt <strong>de</strong><br />
les renvoyer chez eux. Auj<strong>ou</strong>rd’hui aussi, l’ascenseur social est en<br />
panne, <strong>ou</strong> du moins en surcharge, il ne répond pas aux espérances <strong>de</strong>s<br />
français : ceux-ci ont trop cru au mythe <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Jules Ferry, ils ont<br />
mis trop d’espoir dans <strong>la</strong> fonction émancipatrice <strong>de</strong> l’école, ils ont rêvé<br />
qu’elle donnait à t<strong>ou</strong>s <strong>de</strong> vraies chances... et ils déc<strong>ou</strong>vrent que seuls les<br />
plus nantis en tirent bénéfice, ceux qui, au fond, p<strong>ou</strong>rraient se passer d’elle<br />
p<strong>ou</strong>r réussir.<br />
Jamais contents ! Bonnes et mauvaises raisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère actuelle<br />
contre l’école<br />
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