L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
enseignants peuvent regretter le temps où ils se consacraient tranquillement<br />
à quelques élèves déjà bien éduqués et où ils j<strong>ou</strong>issaient d’une position<br />
importante dans le mon<strong>de</strong>. Jadis, <strong>la</strong> société t<strong>ou</strong>t entière les l<strong>ou</strong>ait quand ils<br />
parvenaient à faire réussir un élève parmi tant d’autres. Auj<strong>ou</strong>rd’hui, on<br />
leur reproche leurs échecs et l’on considère que les bons élèves p<strong>ou</strong>rraient<br />
<strong>de</strong> t<strong>ou</strong>te façon réussir sans eux.<br />
Quand une crise paraît sans issue, <strong>la</strong> tentation est gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> chercher le<br />
salut dans un ret<strong>ou</strong>r à <strong>la</strong> case départ. Ainsi les nostalgiques v<strong>ou</strong>draient-ils,<br />
t<strong>ou</strong>t en ignorant sa réalité historique, revenir à l’école mythique <strong>de</strong> Jules<br />
Ferry et aux « principes républicains ». Ils dénoncent <strong>la</strong> “pédagogie<br />
n<strong>ou</strong>velle” et les « mythes fondateurs du pédagogisme » : « p<strong>la</strong>cer l’enfant<br />
au centre <strong>de</strong>s préoccupations <strong>de</strong> l’enseignant, s’adapter aux besoins <strong>de</strong><br />
chacun, se mettre à <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>s, <strong>ou</strong>vrir l’école sur <strong>la</strong> vie, développer<br />
<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s actives, <strong>la</strong>isser s’exprimer les élèves. » Un tel fatras<br />
idéologique, signe, à leur avis, une grave démission : le refus d’instruire,<br />
d’assumer <strong>la</strong> tâche première <strong>de</strong>s enseignants, <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s savoirs.<br />
P<strong>ou</strong>r eux, l’Éducation nationale a abdiqué et, comme l’écrivent les<br />
rédacteurs <strong>de</strong> La Quinzaine universitaire (organe du SNALC, Syndicat<br />
national autonome <strong>de</strong>s lycées et collèges), « l’école est inadaptée parce<br />
qu’enchaînée. Dans les banlieues les n<strong>ou</strong>veaux barbares sèment <strong>la</strong> terreur<br />
en t<strong>ou</strong>te impunité. Livrés en pâture à <strong>la</strong> haine, <strong>de</strong>s professeurs, s<strong>ou</strong>vent<br />
jeunes et inexpérimentés, paient au prix fort l’insolvabilité <strong>de</strong>s disc<strong>ou</strong>rs<br />
pédagogiques. » Contre « les méfaits <strong>de</strong> l’égalitarisme ravageur », il<br />
convient donc, <strong>de</strong> leur point <strong>de</strong> vue, <strong>de</strong> restaurer une véritable sélection par<br />
le mérite individuel ainsi que <strong>de</strong> réhabiliter l’ « instruction pure » dans ses<br />
formes les plus nobles.<br />
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