L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
interprétés, déformés, répétés au conseil <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>ou</strong> à leurs parents.<br />
L’école ne retr<strong>ou</strong>vera sa dignité et ne sera respectée que si elle est à <strong>la</strong> fois<br />
lieu d’erreurs possibles et <strong>de</strong> parole exigeante.<br />
Cette entreprise suppose <strong>de</strong>s dispositifs pédagogiques précis, utilisés <strong>de</strong><br />
manière régulière et obstinée : le « Quoi <strong>de</strong> neuf ? » à l’école primaire où<br />
les enfants s’expriment librement t<strong>ou</strong>s les matins ; le « Quart d’heure<br />
méthodologique » du lundi au c<strong>ou</strong>rs <strong>de</strong> français en troisième, où les élèves<br />
expliquent leurs difficultés à apprendre leurs leçons ; <strong>la</strong> pratique<br />
systématique du récit qui permet <strong>de</strong> transformer les faits en événements et<br />
d’interroger le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> celui qui parle ; l’ « l’heure du conte » en<br />
maternelle ; <strong>la</strong> préparation d’un exposé en petit gr<strong>ou</strong>pes ; <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription<br />
d’un tableau impressionniste ; l’organisation d’un débat sur un livre ; <strong>la</strong><br />
reformu<strong>la</strong>tion systématique et bienveil<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> ce que dit l’élève (« si j’ai<br />
bien compris ce que tu as dis, c’est... » et t<strong>ou</strong>t <strong>de</strong> suite l’élève se sent<br />
intelligent !) ; <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> rituels <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> parole avec un<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> séance, un secrétaire et une mémoire écrite <strong>de</strong>s débats, etc.<br />
Ces exemples <strong>de</strong>vraient constituer le lot quotidien le plus banal <strong>de</strong> l’école<br />
obligatoire.<br />
Paradoxalement, l’écrit peut être un bon moyen d’accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> parole. Le<br />
pédagogue polonais Janusz Korczak, qui avait fondé <strong>de</strong>s orphelinats à<br />
Varsovie et qui m<strong>ou</strong>rut en 1942, à Treblinka, avec les enfants dont il avait<br />
<strong>la</strong> charge et dont il n’avait pas v<strong>ou</strong>lu se séparer, n<strong>ou</strong>s en f<strong>ou</strong>rnit l’exemple.<br />
Korczak récupérait <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> ses enfants dans <strong>la</strong> rue. P<strong>ou</strong>r les empêcher<br />
<strong>de</strong> se livrer à leur principale occupation, <strong>la</strong> bagarre, il avait d’abord tenté<br />
<strong>de</strong> les raisonner, puis menacé <strong>de</strong> les sanctionner. Mais ni l’appel à <strong>la</strong> raison<br />
ni <strong>la</strong> menace n’avaient réussi à venir à b<strong>ou</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence. Korczak eut<br />
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