L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
bases possibles ; choisir les options qui feront <strong>la</strong> différence au moment <strong>de</strong><br />
l’orientation ; se replier, en cas d’échec, d’un établissement à un autre, en<br />
évitant à t<strong>ou</strong>t prix ceux qui ont mauvaise réputation, en obtenant par t<strong>ou</strong>s<br />
les moyens l’entrée dans les établissements prestigieux. Il faut savoir qu’à<br />
Paris, en 1995, près du quart <strong>de</strong>s enfants entrant au collège ont <strong>de</strong>mandé<br />
une dérogation à <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire, dérogation acceptée p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> moitié<br />
d’entre eux. La plupart <strong>de</strong>s autres, pratiquant à merveille le zapping<br />
sco<strong>la</strong>ire, ont rejoint l’enseignement privé. Comment expliquer que<br />
l’Académie <strong>de</strong> Paris intra muros sco<strong>la</strong>rise, dans ses collèges et ses lycées,<br />
153% <strong>de</strong> sa c<strong>la</strong>sse d’âge ? Il est évi<strong>de</strong>nt que beauc<strong>ou</strong>p d’élèves <strong>de</strong> banlieue<br />
se débr<strong>ou</strong>illent p<strong>ou</strong>r quitter l’établissement <strong>de</strong> leur quartier et s’inscrire à<br />
Paris où leur avenir sco<strong>la</strong>ire est mieux assuré. Dans l’Académie <strong>de</strong> Créteil,<br />
par exemple, les collèges sont désertés par les « bons » élèves <strong>ou</strong> même<br />
simplement les « moyens », au point que, p<strong>ou</strong>r les retenir, les chefs<br />
d’établissement se tr<strong>ou</strong>vent dans l’obligation <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses<br />
particulières qui garantissent un meilleur niveau et <strong>de</strong> meilleures<br />
fréquentations. Système absur<strong>de</strong> et pervers qui organise <strong>la</strong> ségrégation à<br />
l’intérieur <strong>de</strong>s établissements p<strong>ou</strong>r éviter leur ghettoïsation !<br />
Le libéralisme <strong>la</strong>rvé p<strong>ou</strong>sse nombre d'établissements à créer <strong>de</strong>s filières<br />
d’élite cam<strong>ou</strong>flées. On les appelle c<strong>la</strong>sse « internationale », « européenne »<br />
<strong>ou</strong> « bilingue ». Elles renforcent <strong>la</strong> ségrégation issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> géographie<br />
urbaine, permettent <strong>de</strong> se retr<strong>ou</strong>ver entre bons élèves et d’éviter les<br />
mauvaises fréquentations. Dans les beaux quartiers, neuf fois sur dix, le fils<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> concierge <strong>ou</strong> celui <strong>de</strong> l’épicier se tr<strong>ou</strong>vent éliminés. Les conseils <strong>de</strong><br />
c<strong>la</strong>sse renforcent <strong>la</strong> discrimination sociale : par le biais <strong>de</strong> remarques<br />
apparemment anodines (« ma<strong>la</strong>droit », « n’a pas <strong>la</strong> carrure », « manque<br />
d’assurance », « trop besogneuse p<strong>ou</strong>r être bril<strong>la</strong>nte », « n’aura pas le<br />
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