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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

entre en sixième dans le <strong>de</strong>rnier quart <strong>de</strong> sa c<strong>la</strong>sse possè<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

chances sur dix <strong>de</strong> parvenir en secon<strong>de</strong>. Le profil <strong>de</strong> celui qui n’a<br />

statistiquement aucune chance d’accé<strong>de</strong>r au lycée est bien connu : c’est un<br />

garçon, ca<strong>de</strong>t d’une famille éc<strong>la</strong>tée, dont les parents ne s’intéressent pas à<br />

sa réussite sco<strong>la</strong>ire et ne disposent pas d’un bagage culturel leur permettant<br />

d’échanger efficacement avec lui, vivant dans une banlieue difficile et<br />

ayant red<strong>ou</strong>blé au moins une fois dans le primaire. Cet échec trop bien<br />

programmé s’explique parce que t<strong>ou</strong>te l’organisation sco<strong>la</strong>ire actuelle<br />

favorise les enfants <strong>de</strong> milieux « privilégiés », où l’on parle déjà un<br />

<strong>la</strong>ngage abstrait qui permet <strong>de</strong> s’adapter aux disciplines et aux exercices<br />

sco<strong>la</strong>ires. La même organisation défavorise les enfants <strong>de</strong>s milieux<br />

« popu<strong>la</strong>ires » : chez eux, bien s<strong>ou</strong>vent, les savoirs ne sont importants que<br />

s’ils sont directement utilisables, très concrets, opérationnels dans <strong>la</strong> vie<br />

quotidienne.<br />

La conception <strong>de</strong> l’enseignement et le contenu <strong>de</strong>s programmes finissent<br />

par exclure ceux-là mêmes qui ont le plus besoin <strong>de</strong> l’école. De plus, <strong>la</strong><br />

crispation <strong>de</strong> chaque professeur sur « sa » métho<strong>de</strong>, qui seule lui permet <strong>de</strong><br />

survivre face à sa c<strong>la</strong>sse, participe aussi à l’exclusion. Car, quand le<br />

professeur applique une métho<strong>de</strong> pédagogique unique, seuls les élèves qui<br />

lui ressemblent sont à même <strong>de</strong> comprendre et <strong>de</strong> travailler. Or, tandis que<br />

les gr<strong>ou</strong>pes d’élèves se diversifient <strong>de</strong> plus en plus, les enseignants, eux,<br />

n’ont jamais constitué un corps socialement aussi homogène : les conc<strong>ou</strong>rs<br />

<strong>de</strong> recrutement se passent <strong>de</strong> plus en plus tard (quatre ans après le<br />

bacca<strong>la</strong>uréat), et les allocations permettant <strong>de</strong> préparer ces conc<strong>ou</strong>rs ayant<br />

été supprimées, les jeunes <strong>de</strong> milieux mo<strong>de</strong>stes, sans ai<strong>de</strong> familiale, se<br />

voient interdire <strong>de</strong> fait le métier d’enseignant. Issus, p<strong>ou</strong>r l’immense<br />

majorité, <strong>de</strong> <strong>la</strong> b<strong>ou</strong>rgeoisie moyenne, les instituteurs et les professeurs<br />

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