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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

organisant <strong>de</strong>s activités collectives », mais il arrive que <strong>de</strong>s directeurs<br />

d’école opposent systématiquement <strong>de</strong>s problèmes d’assurance (p<strong>ou</strong>rtant<br />

parfaitement surmontables) à t<strong>ou</strong>te initiative. Le ministre dit : « Il faut que<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s élèves soit une ai<strong>de</strong> personnalisée et non une simple<br />

sanction », mais le chef d’établissement, pris dans une logique qui le<br />

dépasse, veille à rendre les conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse suffisamment sélectifs p<strong>ou</strong>r<br />

garantir une bonne image <strong>de</strong> marque à leur établissement. Le ministre<br />

enc<strong>ou</strong>rage les enseignants à se former dans le domaine pédagogique, mais<br />

les candidats à une licence <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong> l’éducation ne bénéficient<br />

d’aucune ai<strong>de</strong>, d’aucun s<strong>ou</strong>tien et d’aucune reconnaissance, au contraire <strong>de</strong><br />

ceux qui préparent <strong>de</strong>s conc<strong>ou</strong>rs p<strong>ou</strong>r grimper dans <strong>la</strong> hiérarchie.<br />

La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s conditions d’application <strong>de</strong> ce qui est proposé<br />

passe après <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avec les médias. Ainsi <strong>la</strong> violence à<br />

l’école : chacun s’accor<strong>de</strong> p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> condamner mais sans t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs se rendre<br />

compte que les élèves véritablement violents sont peu nombreux t<strong>ou</strong>t en<br />

disposant d’un p<strong>ou</strong>voir <strong>de</strong> nuisance considérable. À l’automne 1996, le<br />

ministre en exercice décrète, alors que l’opinion est s<strong>ou</strong>s le choc <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort<br />

d’un élève, <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> débat dans t<strong>ou</strong>tes les c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> France le même<br />

j<strong>ou</strong>r au même moment. Les citoyens ont le sentiment que cet homme-là<br />

agit : « Voilà quelqu’un d’efficace qui prend le taureau par les cornes ! »...<br />

Mais ce geste médiatique ne masque pas l’absence d’une vraie politique.<br />

Les enseignants et les chefs d’établissement savent bien, eux, que décréter<br />

<strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> débat après un drame n’aura aucun effet magique. Seul un<br />

travail quotidien portera <strong>de</strong>s fruits. Seule une volonté patiente, dans<br />

l’ombre, agissant sur le terrain p<strong>ou</strong>r installer <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> discussion,<br />

enseigner les principes fondamentaux du droit, faire <strong>de</strong> l’école elle-même<br />

une société plus juste et plus équitable, contribuera petit à petit à apaiser le<br />

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