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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

<strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire - c’est-à-dire au moment crucial où<br />

l’État prend <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>riser l’ensemble <strong>de</strong>s enfants et garantit leur<br />

égale instruction -, se doit d’obéir à <strong>de</strong>s valeurs spécifiques. Elle n’a pas<br />

vocation à être le champ clos <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence sociale. Deman<strong>de</strong>r à<br />

l’école <strong>de</strong> satisfaire l’ambition individuelle <strong>de</strong> chacun, c’est se condamner<br />

à l’école-supermarché.<br />

Prom<strong>ou</strong>voir t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong> <strong>ou</strong> satisfaire chacun ?<br />

Le syndrome <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>rbe <strong>de</strong> Gauss (cette fameuse c<strong>ou</strong>rbe en forme <strong>de</strong><br />

cloche qui doit son nom à un mathématicien allemand du XIXe siècle) est<br />

particulièrement significatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté à accomo<strong>de</strong>r comportements<br />

individuels et exigence institutionnelle collective. De quoi s’agit-il ?<br />

L’exemple suivant l’explique. Il y a une dizaine d’années, le proviseur<br />

d’un lycée, avec le s<strong>ou</strong>tien <strong>de</strong>s parents, avait décidé <strong>de</strong> créer une c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong><br />

première d’élite en réunissant les quatre meilleurs élèves <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ses<br />

huit c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>. En début d’année, cette c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> première<br />

comprenait donc trente-<strong>de</strong>ux élèves, t<strong>ou</strong>s entre quinze et seize <strong>de</strong> moyenne.<br />

Un trimestre environ a suffit p<strong>ou</strong>r que l’alchimie sco<strong>la</strong>ire, ramène <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />

à une répartition gaussienne : un tiers d’élèves faibles ayant entre quatre et<br />

huit, un tiers d’élèves moyens ayant entre huit et d<strong>ou</strong>ze et un tiers <strong>de</strong> bons<br />

élèves ayant entre d<strong>ou</strong>ze et seize. Pire, les “mauvais” élèves ont été<br />

éliminés en fin d’année... tant il est vrai qu’à l’école il ne faut jamais être<br />

dans le troisième tiers, même dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>s meilleurs ! Part<strong>ou</strong>t, en<br />

effet, les « bons » passent en c<strong>la</strong>sse supérieure, les « mauvais » sont<br />

éliminés et les « moyens » justifient les débats en conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse,<br />

tranchés in fine par le chef d’établissement. C’est le “ principe du tiers<br />

exclu ” qui valorise <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s uns en s’appuyant sur l’échec <strong>de</strong>s autres.<br />

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