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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

déjà, dès le XVIe siècle, l’extrême difficulté à satisfaire t<strong>ou</strong>t à <strong>la</strong> fois<br />

l’apprenti et le client. P<strong>ou</strong>r répondre au client, il faut travailler vite et bien,<br />

confier le travail au spécialiste. P<strong>ou</strong>r former l’apprenti, il faut lui confier<br />

<strong>de</strong>s tâches qu’il ne maîtrise pas, donc prendre <strong>de</strong>s risques au regard <strong>de</strong><br />

l’activité productrice et s’exposer à mécontenter le client.<br />

L’école s’est donc constituée en rupture avec les entreprises, comme un<br />

lieu où le jeune a le droit <strong>de</strong> perdre du temps et <strong>de</strong> tâtonner. L’école, c’est<br />

l’erreur possible, l’erreur bénéfique : se tromper et comprendre p<strong>ou</strong>rquoi,<br />

analyser ses problèmes p<strong>ou</strong>r progresser, acquérir <strong>de</strong> l’expérience et <strong>de</strong>venir<br />

un spécialiste. La méthodologie y est progressive, à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong><br />

l’entreprise où les problèmes surviennent <strong>de</strong> façon aléatoire. Par exemple,<br />

dans un garage, l’apprenti risque d’être confronté d’emblée au rég<strong>la</strong>ge d’un<br />

carburateur alors qu’il sait à peine changer une b<strong>ou</strong>gie.<br />

On ne réconciliera pas miraculeusement logique <strong>de</strong> production et<br />

logique <strong>de</strong> formation par <strong>la</strong> seule puissance d’incantations idéologiques.<br />

P<strong>ou</strong>r que l’entreprise <strong>de</strong>vienne « qualifiante », il faut qu’elle accepte <strong>de</strong><br />

mettre entre parenthèses sa logique propre, <strong>de</strong> suspendre <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>rse à <strong>la</strong><br />

rentabilité immédiate. La « pédagogie du dysfonctionnement », prônée et<br />

mise en œuvre par Bertrand Schwartz, suppose qu’à un moment donné,<br />

dans un <strong>la</strong>boratoire, un atelier <strong>ou</strong> un bureau, les professionnels acceptent<br />

d’interrompre <strong>la</strong> production et, au lieu <strong>de</strong> faire appel à un spécialiste<br />

extérieur, réfléchissent ensemble à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> rés<strong>ou</strong>dre le problème qui<br />

se pose. Elle suppose <strong>la</strong> suspension momentanée <strong>de</strong>s rapports hiérarchiques<br />

p<strong>ou</strong>r permettre à chacun <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s propositions constructives et éviter<br />

l’intervention technocratique s<strong>ou</strong>vent inefficace. Elle impose, en vérité,<br />

d’introduire un temps <strong>de</strong> formation dans <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>rse à <strong>la</strong> production... <strong>ou</strong>, en<br />

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