L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
même dénonçant <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail insupportables. Pire, seuls 39 %<br />
<strong>de</strong>s apprentis tr<strong>ou</strong>vent un emploi après leur formation, 34 % se retr<strong>ou</strong>vant<br />
purement et simplement au chômage, 20 % au service militaire, 7 % étant<br />
qualifiés d’inactifs. La réalité, c’est que l’apprentissage précoce ne<br />
fonctionne pas bien. Il ne représente sûrement pas <strong>la</strong> solution miracle<br />
contre le chômage <strong>de</strong> jeunes dont on a sacrifié <strong>la</strong> formation intiale.<br />
En fait, l’entrée dans l’entreprise n’a <strong>de</strong> sens et ne constitue une<br />
promesse d’avenir que si le jeune a bénéficié d’une bonne formation <strong>de</strong><br />
base qui lui permettra <strong>de</strong> saisir <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> chance <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation continue<br />
et <strong>de</strong> gravir les échelons. La promotion interne contribue beauc<strong>ou</strong>p à<br />
construire <strong>de</strong> véritables solidarités et elle permet l’émergence <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture<br />
d’entreprise. Entrer dans le mon<strong>de</strong> du travail par <strong>la</strong> petite porte et savoir<br />
que, dans quelques années, il faudra recommencer ailleurs et au même<br />
niveau - perspective totalement déc<strong>ou</strong>rageante - représente le lot ordinaire<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> jeunes.<br />
Ce disc<strong>ou</strong>rs angélique sur <strong>la</strong> formation par l’entreprise, associé à <strong>la</strong><br />
critique systématique <strong>de</strong> l’école, relève d’un archaïsme drapé dans le<br />
manteau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité et du libéralisme économique, ignorant les<br />
conditions mêmes <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>te véritable formation.<br />
Car l’entreprise (et c’est parfaitement légitime !) impose l’efficacité, <strong>la</strong><br />
réaction rapi<strong>de</strong>, <strong>la</strong> rentabilité. Dans cette logique, apprendre, c’est perdre<br />
du temps et <strong>de</strong> l’argent. Il est plus économique <strong>de</strong> confier une tâche à celui<br />
qui sait déjà l’exécuter plutôt que <strong>de</strong> l’apprendre à un jeune qui ne sait pas<br />
encore bien s’y prendre, tâtonnera et gâchera du matériel. Les premiers<br />
compagnons du T<strong>ou</strong>r <strong>de</strong> France l’avaient bien compris puisqu’ils notaient<br />
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