L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
p<strong>ou</strong>r lui, pas plus qu’ensuite, dans <strong>la</strong> vie active, le travail qui lui sera<br />
confié. Le jeune retr<strong>ou</strong>ve, en effet, ce même rapport utilitariste avec<br />
l’entreprise : « Je viens, je f<strong>ou</strong>rnis le travail <strong>de</strong>mandé, pas un gramme <strong>de</strong><br />
plus, et je repars. La vraie vie est ailleurs. »<br />
Chacun dans sa niche : aboyer plutôt que parler<br />
Or, quand disparaissent les situations sociales d’échange, quand les<br />
individus, dans les institutions <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, se croisent mais ne se<br />
rencontrent plus, <strong>la</strong> tentation est gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> se replier dans <strong>de</strong>s niches <strong>ou</strong> <strong>de</strong>s<br />
tribus. Les adolescents s’y regr<strong>ou</strong>pent p<strong>ou</strong>r se rassurer. Des sectes aux<br />
« raves » en passant par les ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> quartier <strong>ou</strong> les grappes <strong>de</strong> jeunes<br />
dans les tribunes d’un sta<strong>de</strong>, chacun s'abandonne à un gr<strong>ou</strong>pe fusionnel. La<br />
société se transforme en mosaïque incohérente et <strong>la</strong> rivalité s’installe entre<br />
<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ns qui se disputent leur territoire et préten<strong>de</strong>nt chacun à<br />
l’hégémonie.<br />
La multiplication <strong>de</strong>s communautés met en péril l’existence même d’une<br />
véritable société. Il existe, en effet, une différence fondamentale entre<br />
« communauté » et « société » : une communauté est un ensemble<br />
d’individus qui se choisissent, qui déci<strong>de</strong>nt délibérément <strong>de</strong> s’associer<br />
parce qu’ils partagent les mêmes goûts, les mêmes valeurs, <strong>ou</strong> qu’ils se<br />
reconnaissent dans un même meneur. Dans une communauté, ce sont les<br />
affinités électives qui constituent le ciment du gr<strong>ou</strong>pe. Une société, au<br />
contraire, est un ensemble d’individus réunis <strong>de</strong> manière aléatoire, qui<br />
doivent se respecter et s’efforcer d’œuvrer en commun sans forcément<br />
s’aimer les uns les autres. Dans une communauté, quand quelqu’un n’est<br />
plus à l’aise on le rejette <strong>ou</strong> il part <strong>de</strong> lui-même : les communautés sont<br />
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