L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
mise en cause personnelle : « J’ai eu une mauvaise note, donc je suis nul. »<br />
L’enfant n’apprend pas à évaluer ses forces et ses faiblesses, à comprendre<br />
ses échecs et à inventer les moyens <strong>de</strong> progresser. En fait, ce qui déc<strong>ou</strong>rage<br />
l’enfant, ce n’est jamais <strong>la</strong> difficulté, mais l’absurdité <strong>de</strong> ce que l’école lui<br />
propose d’apprendre, et dont il ne perçoit pas le sens.<br />
Or, c’est d’abord à l’enseignant <strong>de</strong> pr<strong>ou</strong>ver qu’il a t<strong>ou</strong>t fait p<strong>ou</strong>r ai<strong>de</strong>r<br />
l’élève à réussir, et non à ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> montrer qu’il est « motivé ». La<br />
comparaison entre l’élève et « l’âne qui n’a pas soif » est particulièrement<br />
regrettable. P<strong>ou</strong>r faire boire un âne récalcitrant, il suffit d’attendre... Un<br />
j<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> l’autre, c’est certain, il finira par avoir soif. Mais p<strong>ou</strong>r enseigner le<br />
théorème <strong>de</strong> Pythagore, le professeur qui se croise les bras en attendant que<br />
ses élèves viennent le réc<strong>la</strong>mer risque d’attendre longtemps !<br />
P<strong>ou</strong>r susciter le désir d’apprendre, les enseignants hésitent en<br />
permanence entre <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s : soit ils cherchent à s’accrocher à <strong>de</strong>s<br />
motivations qui existent déjà (le goût <strong>de</strong>s élèves p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> mécanique, <strong>la</strong><br />
chanson ang<strong>la</strong>ise <strong>ou</strong> les feuilletons télévisés), soit ils tentent <strong>de</strong> les<br />
mobiliser sur leur avenir, leurs examens <strong>ou</strong> leurs notes. Ainsi l’élève<br />
n’apprend-il jamais p<strong>ou</strong>r sa satisfaction présente, mais parce que ce<strong>la</strong><br />
renvoie à une activité passée <strong>ou</strong> prépare <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> problèmes à venir.<br />
Bien sûr, à l’école maternelle <strong>ou</strong> au début du primaire, on peut tr<strong>ou</strong>ver,<br />
dans <strong>la</strong> vie quotidienne, <strong>de</strong>s occasions d’apprentissage : on parlera <strong>de</strong>s<br />
champignons à l’automne, on étudiera <strong>la</strong> proportionnalité à <strong>la</strong> Chan<strong>de</strong>leur à<br />
l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> confection <strong>de</strong> crêpes, on apprendra à lire en cherchant ses<br />
programmes dans un magazine <strong>de</strong> télévision... Mais cette métho<strong>de</strong> n’est<br />
pas facile à tenir dans <strong>la</strong> durée : d’une part, parce que les événements ne<br />
156