L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
construire <strong>la</strong> paix et une autre qui prépare à <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> : je peux apprendre le<br />
théorème <strong>de</strong> Thalès dans une c<strong>la</strong>sse animée par l’esprit <strong>de</strong> rivalité, où l’on<br />
ne peux réussir qu’au détriment <strong>de</strong>s autres, où celui qui a raison est<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le même... celui qui a les diplômes <strong>ou</strong> qui crie le plus fort. Ou bien<br />
je peux apprendre le même théorème avec un enseignant qui me montre en<br />
quoi cette formule mathématique a rendu les hommes plus intelligents et en<br />
quoi elle me délivre <strong>de</strong> quelques préjugés, dans une c<strong>la</strong>sse où les élèves<br />
s’entrai<strong>de</strong>nt p<strong>ou</strong>r réussir, dans un espace social où celui qui a raison est<br />
celui qui démontre le mieux en respectant les autres et en se faisant<br />
comprendre d’eux.<br />
L’école obligatoire doit être capable <strong>de</strong> tresser en permanence <strong>de</strong>s<br />
objectifs <strong>de</strong> connaissance et <strong>de</strong>s objectifs sociaux <strong>de</strong> haut niveau, chacun se<br />
n<strong>ou</strong>rrissant <strong>de</strong> l’autre. Voilà ce qui caractérise l’ « humaine condition »<br />
dont parle Montaigne : un effort constant p<strong>ou</strong>r entretenir les valeurs <strong>de</strong><br />
solidarité, <strong>de</strong> probité et <strong>de</strong> dialogue afin d’acquérir <strong>de</strong>s savoirs t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
plus é<strong>la</strong>borés, et un apprentissage incessant <strong>de</strong>s savoirs les plus élevés p<strong>ou</strong>r<br />
mieux entrer en contact avec les autres et développer une société solidaire.<br />
Que l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux exigences vienne à manquer et le projet <strong>de</strong> l’avènement<br />
<strong>de</strong> l’homme s’effondre : sans exigence <strong>de</strong> vérité, <strong>la</strong> société bascule dans <strong>la</strong><br />
communauté fusionnelle, le c<strong>la</strong>n <strong>ou</strong> <strong>la</strong> tribu ; sans exigence <strong>de</strong> solidarité,<br />
elle se <strong>la</strong>isse fasciner par <strong>la</strong> raison arrogante, bascule vers <strong>la</strong> colonisation<br />
violente <strong>de</strong>s « barbares » <strong>ou</strong> l’exclusion <strong>de</strong> ceux qui ne veulent pas<br />
« entendre raison ».<br />
Le philosophe Olivier Reb<strong>ou</strong>l posait <strong>la</strong> question: « Qu’est-ce qui vaut <strong>la</strong><br />
peine d’être enseigné ? » Et il répondait : « Ce qui libère et ce qui unit. »<br />
Ce qui libère : <strong>la</strong> connaissance scientifique qui me dégage <strong>de</strong> mes préjugés<br />
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