L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
réussite <strong>de</strong> chacun et non celle d’une minorité. Dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, c’est<br />
travailler ensemble sur une notion <strong>ou</strong> un problème en l’examinant s<strong>ou</strong>s<br />
t<strong>ou</strong>s ses angles jusqu’à ce que t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong> ait compris. D’ailleurs cette<br />
métho<strong>de</strong> ne bénéficie pas aux seuls élèves en difficulté car <strong>la</strong> déc<strong>ou</strong>verte<br />
<strong>de</strong>s obstacles à l’apprentissage, <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s interrogations <strong>de</strong> celui qui<br />
ne comprend pas <strong>ou</strong> comprend mal, les questions apparemment naïves<br />
qu’il formule <strong>de</strong>vant un problème difficile p<strong>ou</strong>r lui, sont autant<br />
d’incitations utiles p<strong>ou</strong>r les « bons élèves », à mieux explorer, dans ses<br />
moindres détails, un objet <strong>de</strong> savoir, accé<strong>de</strong>r à son histoire et aux<br />
conditions <strong>de</strong> sa construction par les hommes. Les « élèves en difficulté »<br />
ren<strong>de</strong>nt un immense service à leurs maîtres et à leurs camara<strong>de</strong>s : ils leur<br />
permettent d’entendre, <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s connaissances trop s<strong>ou</strong>vent présentées<br />
comme <strong>de</strong>s « essences éternelles et immuables », le b<strong>ou</strong>rdonnement <strong>de</strong><br />
l’intelligence humaine au travail. Ils les obligent aussi à se poser sans<br />
relâche <strong>la</strong> question du sens, non en termes <strong>de</strong> « supplément d’âme » <strong>ou</strong><br />
parce qu’il s’agirait d’une récompense quand on a bien travaillé, mais<br />
parce que, seule, <strong>la</strong> recherche du sens <strong>de</strong> ce que l’on apprend est capable <strong>de</strong><br />
mobiliser durablement le désir <strong>de</strong> savoir et <strong>de</strong> l’inscrire dans une aventure<br />
collective.<br />
Comme le dit bien François <strong>de</strong> Closets, le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité<br />
obligatoire <strong>de</strong>vrait être <strong>de</strong> « former <strong>de</strong>s gastronomes et non <strong>de</strong>s<br />
cuisiniers ». Donner aux enfants l’envie <strong>de</strong> goûter à t<strong>ou</strong>t et <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong><br />
choisir en connaissance <strong>de</strong> cause les activités qui constitueront plus tard les<br />
axes <strong>de</strong> leur vie professionnelle et les centres d’intérêt <strong>de</strong> leur vie<br />
personnelle. Ce<strong>la</strong> impose d’organiser <strong>la</strong> formation, dans chaque discipline<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, comme si les élèves ne <strong>de</strong>vaient plus l’étudier<br />
après. Or, actuellement, se pratique exactement le contraire : lorsqu’un<br />
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