L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
contrôles et <strong>de</strong>s examens, <strong>la</strong> « culture » disparaît dans le mercantilisme<br />
sco<strong>la</strong>ire. Le lycéen troque une part <strong>de</strong> son temps et <strong>de</strong> son énergie contre<br />
une bonne note et chacun est quitte. L’élève ne cherche plus à s’appuyer<br />
sur le savoir qu’on lui enseigne p<strong>ou</strong>r mieux comprendre ce qui le<br />
préoccupe, se <strong>la</strong>ncer <strong>de</strong>s défis à lui-même et progresser dans l’intelligence<br />
du mon<strong>de</strong>. Le professeur ne s’adresse plus à l’intelligence <strong>de</strong> l’élève, il<br />
sollicite sa débr<strong>ou</strong>il<strong>la</strong>rdise et son habileté à faire valoir ses connaissances,<br />
puisque l’important, en c<strong>la</strong>sse, n’est pas <strong>de</strong> savoir, mais bien <strong>de</strong> montrer<br />
qu’on sait... surt<strong>ou</strong>t quand on ne sait pas !<br />
L’école ne fait pas <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce aux questions gratuites, aux intérêts<br />
intellectuels <strong>de</strong>s élèves qui ne passent pas s<strong>ou</strong>s les f<strong>ou</strong>rches caudines <strong>de</strong>s<br />
programmes <strong>ou</strong> qui sont à l’écart <strong>de</strong>s attentes supposées <strong>de</strong> l’examinateur.<br />
La re<strong>la</strong>tion pédagogique se fon<strong>de</strong> sur l’utilité sco<strong>la</strong>ire, l’évaluation,<br />
l’examen, le passage en c<strong>la</strong>sse supérieure. Le système éducatif t<strong>ou</strong>rne à <strong>la</strong><br />
schizophrénie. D’un côté, l'école n’apprend plus que ce qui permet <strong>de</strong><br />
réussir à l'école... ce qui revient finalement très cher p<strong>ou</strong>r pas grand chose.<br />
De l’autre côté, les jeunes cherchent ailleurs, le plus s<strong>ou</strong>vent dans <strong>de</strong>s<br />
cultures <strong>de</strong> pacotille, les moyens <strong>de</strong> répondre aux questions essentielles<br />
qu’ils se posent. Les <strong>de</strong>ux cultures se regar<strong>de</strong>nt en chiens <strong>de</strong> faïence.<br />
Si les savoirs sco<strong>la</strong>ires doivent éviter <strong>de</strong> s’appuyer, dans <strong>de</strong>s tentatives<br />
démagogiques, ma<strong>la</strong>droites, inefficaces et dangereuses, sur <strong>la</strong> “culture-<br />
jeune”, <strong>la</strong> culture sco<strong>la</strong>ire ne peut pas, non plus, continuer son long<br />
monologue stérile. L’étu<strong>de</strong> du Dormeur du val <strong>de</strong> Rimbaud ne vise pas<br />
d’abord et seulement à déc<strong>ou</strong>vrir l’enjambement à <strong>la</strong> fin du troisième vers<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième strophe, mais bel et bien, à comprendre comment un gamin<br />
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