L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
qu’ils empruntent, avec d’autres usagers, p<strong>ou</strong>r se rendre à un endroit<br />
déterminé, mais où ils n’ont pas le droit d’imposer leurs choix musicaux et<br />
d’insulter ceux qui ne les partagent pas. L’école, en ce sens, est une sorte<br />
d’autobus qui doit permettre à <strong>de</strong>s personnes différentes d’aller ensemble<br />
dans une direction commune, t<strong>ou</strong>t en respectant les affinités électives <strong>de</strong>s<br />
uns et <strong>de</strong>s autres, plutôt qu’une maison <strong>de</strong>s jeunes où <strong>de</strong>s gr<strong>ou</strong>pes déjà<br />
constitués cultiveraient leurs appartenances en rejetant t<strong>ou</strong>te différence vers<br />
un local voisin.<br />
S<strong>ou</strong>s-développement, sur-développement : le grand écart mental<br />
Certaines réalités sont si présentes s<strong>ou</strong>s nos yeux que n<strong>ou</strong>s finissons par<br />
ne plus les voir. Le sur-développement <strong>de</strong>s villes, par exemple,<br />
s’accompagne d’enc<strong>la</strong>ves <strong>de</strong> s<strong>ou</strong>s-développement <strong>de</strong> plus en plus<br />
nombreuses. Le chômage galopant, les insuffisances <strong>de</strong> l’aménagement du<br />
territoire, les folies immobilières <strong>de</strong>s années 60 et leurs cités-dortoirs, <strong>la</strong><br />
prolifération <strong>de</strong>s bureaux dans les années 80, les insuffisances <strong>de</strong>s<br />
transports en commun et <strong>de</strong>s équipements collectifs, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />
en b<strong>ou</strong>ts <strong>de</strong> ficelle, autant <strong>de</strong> raisons qui expliquent l’existence <strong>de</strong> ghettos,<br />
<strong>de</strong> quartiers abandonnés par t<strong>ou</strong>s, à commencer par l’État, <strong>la</strong> police et les<br />
services publics. Des quartiers entiers se mettent à dériver, déconnectés <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> République, régis par les lois <strong>de</strong> <strong>la</strong> drogue <strong>ou</strong> <strong>de</strong> l’intégrisme. La<br />
démocratie y est baf<strong>ou</strong>ée.<br />
Une évi<strong>de</strong>nce s’impose : nos villes, nos écoles et nos jeunes sont<br />
traversés par une frontière Nord-Sud. Certains enfants vivent avec un<br />
cerveau à <strong>de</strong>ux hémisphères sociaux. L’un gère <strong>la</strong> pauvreté, les urgences <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> survie immédiate, <strong>la</strong> débr<strong>ou</strong>ille au moindre coût, <strong>la</strong> famille patriarcale <strong>ou</strong><br />
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