L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
En lisant ces lignes, <strong>de</strong> nombreux enseignants, chefs d’établissements et<br />
parents vont crier à <strong>la</strong> mission impossible et dénoncer le danger représenté<br />
par les « enfants-boli<strong>de</strong>s », ceux que rien ne semble p<strong>ou</strong>voir arrêter quand<br />
ils basculent dans <strong>la</strong> violence. « J’en ai par <strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> tête, explique cet<br />
enseignant <strong>de</strong> français dans un collège difficile. Ces c<strong>la</strong>sses, ça vaut rien,<br />
c’est <strong>la</strong> lie <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. Mais p<strong>ou</strong>rquoi les oblige-t-on à suivre l’école<br />
jusqu’à seize ans ? P<strong>ou</strong>rquoi ne sont-ils pas renvoyés, interdits <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité<br />
? On voit bien que ce n’est pas l’administration qui se les farcit... Moi, je<br />
n’ai pas fait six ans d’étu<strong>de</strong> p<strong>ou</strong>r ça. Si on fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, c’est p<strong>ou</strong>r avoir<br />
<strong>de</strong>s avantages qu’on n’aurait pas autrement, sinon c’est pas <strong>la</strong> peine. Avec<br />
t<strong>ou</strong>t mon savoir et mes titres, je suis traité comme un chien ; et, en plus, je<br />
suis payé au <strong>la</strong>nce-pierre ! »<br />
De <strong>de</strong>ux choses l’une : soit il s’agit <strong>de</strong> délinquants avérés, commettant<br />
<strong>de</strong>s actes délictueux qui tombent s<strong>ou</strong>s le c<strong>ou</strong>p <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi - vol, rackett,<br />
violences physiques - et il est indispensable <strong>de</strong> faire appel à <strong>la</strong> police qui a<br />
mission <strong>de</strong> faire respecter l’ordre républicain. Soit il s’agit d’élèves qui ne<br />
sont pas encore « éduqués » et qui, par une multitu<strong>de</strong> d’incivilités - cris,<br />
interpel<strong>la</strong>tions, injures, retards, <strong>ou</strong>bli du matériel <strong>de</strong> travail, dép<strong>la</strong>cements<br />
incontrôlés, etc. - compromettent le fonctionnement normal d’une c<strong>la</strong>sse <strong>ou</strong><br />
d’un établissement. C’est vrai, un seul <strong>de</strong> ces élèves suffit parfois p<strong>ou</strong>r<br />
paralyser l’ensemble d’un gr<strong>ou</strong>pe. Mais si l’école le rejette, qui<br />
l’éduquera ? Qui lui apprendra <strong>la</strong> Loi et le respect <strong>de</strong>s règles nécessaires à<br />
t<strong>ou</strong>te vie collective ? Restent les ban<strong>de</strong>s du quartier, les gr<strong>ou</strong>pes <strong>de</strong><br />
supporters, les sectes <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>s ordres, avec l’abandon inévitable <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>te<br />
réflexion personnelle et le triomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du plus fort. Inévitablement,<br />
on retr<strong>ou</strong>vera cet adolescent délinquant, marginal, violent. Qui sera<br />
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