L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
désormais, à l’école, « apprendre à apprendre »... Il n’ignore sûrement pas<br />
que cette idée date <strong>de</strong> Montaigne et du Ratio studiorum (texte fondateur <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> pédagogie jésuite dont <strong>la</strong> version définitive parut en 1599), qu’elle est<br />
développée <strong>de</strong>puis plus d’un siècle par les militants pédagogiques <strong>de</strong><br />
l’Éducation n<strong>ou</strong>velle... Il n’est pas non plus sans savoir que cette même<br />
formule est précisément remise en question par <strong>de</strong> très nombreux<br />
chercheurs qui constatent <strong>la</strong> difficulté à acquérir une métho<strong>de</strong><br />
indépendamment <strong>de</strong> son contenu. Mais t<strong>ou</strong>t est bon, en matière éducative,<br />
p<strong>ou</strong>r donner le sentiment à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que l'on fait quelque chose.<br />
Imaginerait-on un ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé, <strong>de</strong>vant les meilleurs spécialistes <strong>de</strong>s<br />
traitements les plus sophistiqués, faire l’éloge <strong>de</strong> <strong>la</strong> saignée ?<br />
Un ministre qui défend avec autant d’aplomb <strong>de</strong>s principes<br />
pédagogiques aussi généreux que généraux travaille plus p<strong>ou</strong>r marquer son<br />
territoire et affirmer sa présence que p<strong>ou</strong>r engager <strong>de</strong> véritables<br />
changements. On p<strong>ou</strong>rrait supposer que, si les hommes politiques<br />
annoncent <strong>de</strong>s projets, c’est p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir les réaliser. Mais, en matière<br />
éducative, c’est bien s<strong>ou</strong>vent le contraire : plus on en dit, moins on en fait.<br />
Seuls quelques naïfs s’étonnent et posent <strong>de</strong>s questions subversives :<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi ne réalise-t-on pas ce que l’on annonce ? P<strong>ou</strong>rquoi ne prend-t-<br />
on pas au sérieux <strong>la</strong> formation à l’autonomie et à <strong>la</strong> citoyenneté ? P<strong>ou</strong>rquoi<br />
ne met-on pas véritablement l’élève au centre du système éducatif ? ” Mais<br />
ces irresponsables sont vite déc<strong>ou</strong>ragés <strong>de</strong> persévérer : l’institution en fait<br />
<strong>de</strong>s formateurs <strong>ou</strong> les recase dans l’administration.<br />
Au chapitre <strong>de</strong>s trompe-l’oeil, il faut évoquer <strong>la</strong> politique du gadget. Un<br />
exemple entre mille : un quart d’heure <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue vivante t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs à<br />
l’école primaire. Mesure démagogique qui f<strong>la</strong>tte les parents. En pleine<br />
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