L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
<strong>de</strong> passer en c<strong>la</strong>sse supérieure. Même dans les milieux popu<strong>la</strong>ires et les<br />
quartiers défavorisés, les parents n’hésitent pas à déménager dès qu’ils le<br />
peuvent, au prix <strong>de</strong> sacrifices financiers considérables, p<strong>ou</strong>r permettre à<br />
leurs enfants d’échapper à ce qu’ils considèrent comme <strong>de</strong>s écoles-ghettos.<br />
Et comment condamner <strong>de</strong> telles pratiques ? En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise, il est<br />
légitime <strong>de</strong> chercher les meilleures conditions d’étu<strong>de</strong> p<strong>ou</strong>r ses enfants. Les<br />
travailleurs sociaux, eux-mêmes, se font un <strong>de</strong>voir d’ai<strong>de</strong>r les parents en<br />
difficulté à développer <strong>de</strong>s stratégies sco<strong>la</strong>ires efficaces, jugeant<br />
particulièrement injustes les avantages <strong>de</strong>s familles favorisées. D’ailleurs<br />
les enseignants, quand il s’agit <strong>de</strong> leurs propres enfants, ne donnent-ils pas<br />
le mauvais exemple ? Et, enfin, comment reprocher aux élèves et à leurs<br />
familles <strong>de</strong> traiter les savoirs sco<strong>la</strong>ires comme <strong>de</strong>s marchandises alors que<br />
l’école les ravale elle-même à ce statut ?<br />
Le ma<strong>la</strong>ise légitime <strong>de</strong>s enseignants<br />
Jusqu’aux années 70, les parents <strong>de</strong>mandaient à l’école d’assurer un<br />
bagage minimal à leurs enfants, garanti par un diplôme permettant d’entrer<br />
dans <strong>la</strong> vie active. L’échec sco<strong>la</strong>ire n’était pas rédhibitoire : l’élève n’en<br />
était pas marqué au fer r<strong>ou</strong>ge. Le jeune qui avait un mauvais jeu à l’école<br />
bénéficiait, s’il <strong>la</strong> quittait sans diplôme ni qualification, d’une<br />
redistribution <strong>de</strong>s cartes. Il disposait d’une secon<strong>de</strong> chance p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver sa<br />
p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> société. Le mon<strong>de</strong> du travail se montrait re<strong>la</strong>tivement<br />
accueil<strong>la</strong>nt, au moins en quantité <strong>de</strong> postes disponibles. Le cancre p<strong>ou</strong>vait<br />
réussir une carrière professionnelle et <strong>de</strong>venir un citoyen respectable.<br />
Auj<strong>ou</strong>rd’hui, l’éventail <strong>de</strong>s cartes s’est appauvri. En cas mauvaise donne<br />
sco<strong>la</strong>ire, le jeune traîne s<strong>ou</strong>vent son échec initial t<strong>ou</strong>te sa vie.<br />
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