L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
enc<strong>la</strong>ves du passé. Mais, quand on ignore l’avenir, le présent prend<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sa revanche !<br />
Danger : tentation libérale !<br />
Une autre réponse aux difficultés persistantes <strong>de</strong> l’Éducation nationale,<br />
consiste à renvoyer l’école dans l’économie <strong>de</strong> marché. L’espoir ici, c’est<br />
que <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> régulera naturellement le système :<br />
seuls les mieux adaptés survivront et il se dégagera une élite au profit <strong>de</strong><br />
t<strong>ou</strong>s. Laisser faire, <strong>la</strong>isser j<strong>ou</strong>er les phénomènes sociaux et “aller dans le<br />
sens <strong>de</strong> l’histoire” au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, représente incontestablement une<br />
solution <strong>de</strong> facilité p<strong>ou</strong>r les hommes politiques.<br />
Ce m<strong>ou</strong>vement semble conforté par les lois <strong>de</strong> décentralisation. En 1983,<br />
les lycées sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s établissements publics locaux d’enseignement<br />
et, en 1986, <strong>la</strong> loi a confié <strong>la</strong> construction et l’entretien <strong>de</strong>s collèges aux<br />
départements et <strong>de</strong>s lycées aux régions. Les n<strong>ou</strong>veaux statuts ass<strong>ou</strong>plissent<br />
le contrôle <strong>de</strong> l’État si bien que les proviseurs peuvent maintenant mieux<br />
insérer leurs établissements dans le tissu économique et social local. Mais<br />
l’État reste le financeur principal (il nomme et rémunère les professeurs) et<br />
le garant <strong>de</strong>s programmes ; il gar<strong>de</strong>, <strong>de</strong> plus, le monopole <strong>de</strong> <strong>la</strong> délivrance<br />
<strong>de</strong>s gra<strong>de</strong>s. T<strong>ou</strong>tefois, <strong>de</strong>puis que les collectivités territoriales consacrent<br />
<strong>de</strong>s sommes importantes p<strong>ou</strong>r construire <strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>ires (et<br />
p<strong>ou</strong>r désamianter certains autres), elles ont naturellement tendance à<br />
v<strong>ou</strong>loir intervenir dans leur fonctionnement. Les chefs d’établissements se<br />
retr<strong>ou</strong>vent pris dans <strong>la</strong> tenaille d’un système qui cumule les défauts <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
centralisation technocratique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> caporalisation locale. Sur le terrain,<br />
les véritables acteurs <strong>de</strong> l’Éducation continuent, eux, à ne bénéficier<br />
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