L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
l’autre. C’est ce qui fait <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> son métier, mais aussi un défi<br />
passionnant p<strong>ou</strong>r l’intelligence <strong>de</strong> celui qui s’y engage.<br />
Le droit à <strong>la</strong> différence : un n<strong>ou</strong>veau défi p<strong>ou</strong>r l’école<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus en plus massive d’éducation et <strong>la</strong> déc<strong>ou</strong>verte par les<br />
psychologues <strong>de</strong> l’extrême diversité <strong>de</strong>s manières d’apprendre - jamais<br />
i<strong>de</strong>ntiques d’un individu à un autre -, p<strong>ou</strong>ssent les pédagogues à chercher<br />
<strong>de</strong>s réponses à l’hétérogénéité croissante <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses. Pendant longtemps,<br />
les choses étaient simples, l’école fonctionnait sur le modèle <strong>de</strong> l’église : le<br />
maître enseignait du haut <strong>de</strong> sa chaire et les fidèles, en fonction <strong>de</strong> leur<br />
disposition à recevoir <strong>la</strong> parole, repartaient plus <strong>ou</strong> moins éc<strong>la</strong>irés et<br />
savants. Le précepteur, <strong>de</strong> son côté, consacré à un élève, éventuellement à<br />
quelques frères et sœurs, pratiquait une sorte <strong>de</strong> haute c<strong>ou</strong>ture, <strong>de</strong> c<strong>ou</strong>su-<br />
main, mais réservé à une petite élite et d’un coût prohibitif.<br />
La c<strong>la</strong>sse telle que n<strong>ou</strong>s <strong>la</strong> connaissons est apparue progressivement à<br />
partir du XVIIe siècle p<strong>ou</strong>r ne prendre sa forme définitive qu’au XIXe. Le<br />
maître doit y partager son temps entre les exposés ex cathedra et le suivi<br />
individualisé <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong>ux systèmes difficiles à concilier. P<strong>ou</strong>r un<br />
instituteur <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse rurale qui y parvient, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s professeurs, eux,<br />
basculent du côté du magister. Leur modèle, c’est le professeur<br />
d’université dans son amphithéâtre, l’avocat dans son prétoire <strong>ou</strong> le député<br />
à <strong>la</strong> tribune <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chambre. Avec <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, apparaît alors le prêt-à-porter<br />
pédagogique : <strong>la</strong> même parole p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong>, les mêmes exercices, les<br />
mêmes leçons, les mêmes conseils, les mêmes évaluations. Dans<br />
l’impossibilité <strong>de</strong> faire du sur mesure, on fixe <strong>de</strong>s tailles moyennes. Parfois<br />
les manches sont trop c<strong>ou</strong>rtes <strong>ou</strong> <strong>la</strong> carrure trop <strong>la</strong>rge. Si les élèves se<br />
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