L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
quelques images bien choisies, poser <strong>la</strong> bonne question au maître, celle qui<br />
lui permet d’avancer dans son explication en remerciant l’élève <strong>de</strong> sa<br />
coopération. Ces élèves-là se comportent « comme il faut » : ils ne se<br />
lèvent pas n’importe quand p<strong>ou</strong>r aller boire, n’interrompent pas<br />
brutalement quelqu’un qui parle, savent quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> familiarité il ne faut<br />
pas dépasser, bref, ils savent « se tenir » dans <strong>la</strong> société sco<strong>la</strong>ire... même<br />
s’ils en cont<strong>ou</strong>rnent habilement les règles par ailleurs.<br />
À côté, d’autres ne connaissent rien du métier d’élève avant d’arriver en<br />
c<strong>la</strong>sse. Contrairement à une idée reçue, ces « barbares », comme les<br />
appellent certains enseignants, ne sont pas nécessairement <strong>de</strong>s enfants<br />
d’employés, d’<strong>ou</strong>vriers <strong>ou</strong> d’immigrés ; on a même pu constater qu’à<br />
niveau socio-économique i<strong>de</strong>ntique, les enfants issus <strong>de</strong> l’immigration<br />
réussissent plutôt mieux à l’école que leurs camara<strong>de</strong>s français, avec un<br />
avantage très significatif p<strong>ou</strong>r les filles dont les résultats sont encore<br />
meilleurs que ceux <strong>de</strong> leurs frères. Par ailleurs, certains enfants issus <strong>de</strong>s<br />
beaux quartiers se montrent perturbés, incapables d’attention, survoltés et<br />
parfois violemment agressifs.<br />
En réalité, les « barbares » viennent <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>tes les c<strong>ou</strong>ches sociales.<br />
P<strong>ou</strong>rquoi leur arrivée massive à l’école ? D’abord, n<strong>ou</strong>s l’avons vu, parce<br />
que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s institutions traditionnelles <strong>de</strong> socialisation,<br />
comme <strong>la</strong> famille, <strong>la</strong> religion, les m<strong>ou</strong>vements <strong>de</strong> jeunes (du patronage<br />
catholique aux Francas communistes), ne fonctionnent plus vraiment. Dans<br />
les m<strong>ou</strong>vements associatifs, les projets d’éducation ont progressivement été<br />
remp<strong>la</strong>cés par <strong>la</strong> consommation individualisée <strong>de</strong> loisirs et <strong>de</strong> sports : dès<br />
qu’une activité <strong>la</strong>sse, on en change ; l’enfant n’y apprend plus guère les<br />
contraintes nécessaires à <strong>la</strong> vie collective ni le sens <strong>de</strong>s engagements à long<br />
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