L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
terme. Ensuite, parce que le « phénomène télévision » a été s<strong>ou</strong>s-estimé :<br />
p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> première fois dans l’histoire <strong>de</strong>s hommes, n<strong>ou</strong>s accueillons à<br />
l’école <strong>de</strong>s enfants nés avec <strong>la</strong> télévision : un collégien passe une plus<br />
gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> son année <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> télévision qu’à l’école ! Face à son<br />
poste, il prend l’habitu<strong>de</strong> d’éc<strong>ou</strong>ter distraitement t<strong>ou</strong>t en faisant autre<br />
chose, <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> chaîne dès que le programme commence à l’ennuyer.<br />
Et ce comportement, il le reproduit en c<strong>la</strong>sse. C’est l’élève zappeur.<br />
Pendant que l’enseignant parle, chacun vaque à ses occupations, range son<br />
cartable, prépare son <strong>de</strong>voir p<strong>ou</strong>r l’heure d’après, écrit son c<strong>ou</strong>rrier <strong>ou</strong><br />
songe à <strong>la</strong> récréation ; <strong>de</strong> temps en temps, si une image frappe<br />
l’imagination, alors l’attention s’éveille brièvement : « Tiens, c’est pas<br />
idiot ce qu’il dit.... Dommage qu’on ne puisse pas <strong>de</strong> temps en temps<br />
changer <strong>de</strong> chaîne ! »<br />
Ainsi habitué, l’enfant ne sait pas éc<strong>ou</strong>ter un disc<strong>ou</strong>rs en continu,<br />
respecter <strong>la</strong> parole <strong>de</strong> l’autre, lire un livre au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s premières pages (<strong>ou</strong><br />
<strong>de</strong>s premières lignes), se s<strong>ou</strong>mettre aux règles nécessaires à <strong>la</strong> bonne<br />
marche d’une activité collective sur le long terme, confronter sereinement<br />
son point <strong>de</strong> vue à d’autres, p<strong>la</strong>nifier son temps, reprendre, corriger et<br />
retravailler un <strong>de</strong>voir.<br />
En fait, si les « barbares » sont dans l’école, c’est parce que<br />
l’environnement sociologique et médiatique ne prépare plus aussi bien les<br />
enfants à ép<strong>ou</strong>ser <strong>la</strong> « forme sco<strong>la</strong>ire ». Déstabilisée par ce n<strong>ou</strong>veau type<br />
d’élèves, l’école tolère évi<strong>de</strong>mment plus facilement ceux que l’on p<strong>ou</strong>rrait<br />
nommer les « barbares light » : ceux-là picorent dans le c<strong>ou</strong>rs ce qui leur<br />
est directement utile ; ils n’agressent pas l’enseignant, mais « n’en pensent<br />
pas moins » ; ils rentrent chez eux et profitent au maximum <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>tes les<br />
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