L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
L’immense majorité <strong>de</strong>s échecs sco<strong>la</strong>ires, <strong>de</strong>s orientations prématurés et<br />
<strong>de</strong>s exclusions définitives est d’abord due à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />
comportement. Les élèves exclus sont insupportables, soit parce que leur<br />
violence conteste <strong>ou</strong>vertement l’école, soit parce que leur apathie en mine<br />
s<strong>ou</strong>rnoisement les principes. Alors, dans certaines banlieues, les principaux<br />
<strong>de</strong> collèges organisent un immense jeu <strong>de</strong> l’oie : quand un élève trop<br />
pénible a épuisé ses professeurs, le chef d’établissement le p<strong>la</strong>ce ailleurs et<br />
en prend un autre en échange... jusqu’au j<strong>ou</strong>r où il tombe dans le « puits »<br />
<strong>ou</strong> finit « en prison » !<br />
Ainsi continue-t-on à tr<strong>ou</strong>ver <strong>de</strong>s barbares dans les c<strong>ou</strong>rs <strong>de</strong> récréation.<br />
Si l’on en compte que 5% dans certains établissements <strong>de</strong> centre ville, leur<br />
proportion peut monter jusqu’à 60% dans les écoles, les collèges <strong>ou</strong> les<br />
lycées <strong>de</strong> périphérie. Que faire d’eux ? Dans quelle structure les p<strong>la</strong>cer ? Le<br />
<strong>de</strong>voir et l’honneur <strong>de</strong> l’école obligatoire est <strong>de</strong> les prendre en charge p<strong>ou</strong>r<br />
leur offrir à <strong>la</strong> fois l’instruction et l’éducation. Et elle y parvient parfois :<br />
dans certains quartiers, abandonnés par <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s services publics,<br />
s’effectue un travail extraordinairement difficile. Des enseignants s’y<br />
dév<strong>ou</strong>ent, avec une énergie admirable. Aux prises avec ce que notre société<br />
a produit <strong>de</strong> plus inquiétant, ils s’efforcent d’apaiser les conflits et <strong>de</strong><br />
panser quelques blessures ; ils travaillent au front, à <strong>la</strong> marge, là où se sont<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs inventées et s’inventent encore les solutions éducatives <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />
Ils montrent un chemin, qui n’est pas d’abdication mais d’exigence, pas <strong>de</strong><br />
démission mais <strong>de</strong> refondation du lien social. L’apathie <strong>de</strong> l’État, qui<br />
<strong>ou</strong>blie ces serviteurs jamais déc<strong>ou</strong>ragés, malgré une cause apparemment<br />
perdue, n’en est que plus scandaleuse.<br />
Le sursis à <strong>la</strong> violence<br />
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