L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
dont l’acquisition n’est pas réductible à une somme <strong>de</strong> connaissances<br />
livresques : l’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> colonisation ne se réduit pas à réciter par<br />
cœur, sans en <strong>ou</strong>blier une seule, t<strong>ou</strong>tes les colonisations qui ont parsemé<br />
l’histoire, elle doit amener à réfléchir, en citoyen éc<strong>la</strong>iré, sur <strong>la</strong> situation<br />
actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> N<strong>ou</strong>velle-Calédonie, <strong>de</strong> certains pays africains <strong>ou</strong><br />
d’Amérique <strong>la</strong>tine, et à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il s’agit d’une situation <strong>de</strong><br />
colonisation <strong>ou</strong> non.<br />
Autre exemple d’objectif-noyau, en français : <strong>la</strong> phrase, comprendre à <strong>la</strong><br />
fin <strong>de</strong> l’école primaire ce qui constitue l’unité d’une phrase. La métho<strong>de</strong><br />
c<strong>la</strong>ssique consiste à décortiquer une à une <strong>la</strong> principale, <strong>la</strong> subordonnée, <strong>la</strong><br />
subordonnée re<strong>la</strong>tive, etc. - apprentissage contraignant et risqué. Si l’enfant<br />
rate une marche, il ne peut plus monter <strong>la</strong> suivante. Il est bloqué dans<br />
l’escalier, quand il ne dégringole pas t<strong>ou</strong>t en bas. De plus, il n’apprend<br />
véritablement jamais à faire une phrase, simplement à <strong>la</strong> reconnaître et à <strong>la</strong><br />
décomposer. Si l’instituteur, au contraire, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ses élèves d’i<strong>de</strong>ntifier<br />
précisément ce dont ils parlent (le « sujet ») et ce qu’ils en disent, s’il<br />
travaille, à l’oral comme à l’écrit, sur ce qui structure vraiment <strong>la</strong><br />
communication et <strong>la</strong> rend possible, alors chacun percevra qu’il n’est pas<br />
d’échange possible sans passer par <strong>la</strong> phrase qui isole un sujet, désigne ce<br />
dont on parle et exprime ce qu’on veut en dire... À ce noyau central, il sera<br />
ensuite possible <strong>de</strong> raccrocher l’ensemble <strong>de</strong>s composants grammaticaux.<br />
Le resserrement <strong>de</strong>s programmes aut<strong>ou</strong>r d’objectifs-noyaux offre à <strong>la</strong><br />
fois plus <strong>de</strong> liberté et plus <strong>de</strong> sécurité. Plus <strong>de</strong> liberté : l’élève ne progresse<br />
pas sur un escalier escarpé ; il dispose <strong>de</strong> plusieurs chemins vers un<br />
objectif (<strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’unité sémantique <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase, par exemple) au<br />
lieu d’un seul chemin p<strong>ou</strong>r une série d’objectifs (<strong>la</strong> principale, <strong>la</strong><br />
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