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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

<strong>de</strong> soi, ils comprendront ce qui se j<strong>ou</strong>e dans leur ent<strong>ou</strong>rage quotidien, dans<br />

les c<strong>la</strong>ns et les gr<strong>ou</strong>pes qu’ils côtoient. Simultanément, ils améliorent leur<br />

orthographe, leur grammaire et travaillent sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’exposé <strong>ou</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

dissertation. Traitent en parallèle les questions dans leur universalité et les<br />

réponses dans leur singu<strong>la</strong>rité, ils se déc<strong>ou</strong>vrent affrontant les mêmes<br />

interrogations et peuvent réfléchir à une culture universelle sans renoncer à<br />

leur i<strong>de</strong>ntité propre.<br />

Dans un quartier difficile, un professeur fait étudier à ses élèves<br />

musulmans un texte extrait <strong>de</strong> La Trêve <strong>de</strong> Primo Levi. C’est l’histoire<br />

d’un enfant <strong>de</strong> trois ans né à Auschwitz, abandonné <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>s, paralysé <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux jambes, « qui n’avait jamais vu un arbre et dont le minuscule avant-<br />

bras portait le tat<strong>ou</strong>age d’Auschwitz ». Cet enfant est muet. Chacun, dans<br />

le baraquement, essaye <strong>de</strong> le faire parler en l’amusant, en le traitant comme<br />

un bébé. Seul un adolescent <strong>de</strong> quinze ans, qui lui parle comme à un adulte,<br />

va obtenir un mot <strong>de</strong> lui et engager un impossible dialogue quelques heures<br />

avant sa mort.<br />

Ces jeunes musulmans, parfois intégristes et antisémites, déc<strong>ou</strong>vrent à<br />

dix-huit ans l’existence <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration. Quand le professeur<br />

leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un travail écrit, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse choisit <strong>de</strong><br />

rédiger une prière à Al<strong>la</strong>h p<strong>ou</strong>r que plus jamais, nulle part, un tel sort ne<br />

soit fait à un enfant... Ces élèves, défavorisés parmi les défavorisés,<br />

préparant sans enth<strong>ou</strong>siasme un CAP <strong>ou</strong> un BEP avant d’aller pointer à<br />

l’ANPE, victimes d’un racisme <strong>la</strong>tent <strong>ou</strong> exprimé, baignent dans une<br />

culture is<strong>la</strong>mique qui les incline à chercher dans les Juifs <strong>de</strong>s b<strong>ou</strong>cs<br />

émissaires à leurs difficultés. Mais, après avoir épr<strong>ou</strong>vé <strong>de</strong> <strong>la</strong> compassion<br />

p<strong>ou</strong>r un enfant martyr, rien n’est plus comme avant. Et si l’enfant avait été<br />

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