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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

De trois à seize ans, l’élève doit p<strong>ou</strong>voir tr<strong>ou</strong>ver dans l’école obligatoire<br />

les occasions <strong>de</strong> faire ce qu’il ne sait pas faire sans craindre d’être enfermé<br />

dans une image négative, prématurément évalué <strong>ou</strong> ridiculisé par ses<br />

camara<strong>de</strong>s. Faire, chercher, se tromper, évaluer les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />

choisie, l’abandonner p<strong>ou</strong>r une autre, jusqu’à obtenir le résultat <strong>de</strong>mandé :<br />

cette interrogation permanente sur l’action structure l’intelligence et<br />

construit <strong>la</strong> personnalité.<br />

Il ne s’agit pas <strong>de</strong> se limiter à « apprendre à apprendre » (peut-on<br />

d’ailleurs apprendre à apprendre en n’apprenant rien ?), mais plutôt d’<br />

« apprendre à travailler », à <strong>de</strong>venir un individu responsable, qui agit et<br />

progresse dans un gr<strong>ou</strong>pe où il est respecté, grâce à l’appui et aux<br />

interrogations <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s. La construction <strong>de</strong>s savoirs est<br />

indissociable <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> collectivité apprenante. Ceux qui<br />

préten<strong>de</strong>nt séparer l’une et l’autre, qui v<strong>ou</strong>draient ne s’intéresser qu’à <strong>la</strong><br />

transmission <strong>de</strong>s savoirs sans contribuer à construire <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse comme lieu<br />

<strong>de</strong> prise <strong>de</strong> risque intellectuel, <strong>de</strong> tâtonnements et <strong>de</strong> dialogue, ceux-là<br />

sapent <strong>la</strong> possibilité même <strong>de</strong> l’accès aux savoirs. Ils empêchent le<br />

processus normal d’une intelligence qui se construit : seul, je ne peux avoir<br />

que <strong>de</strong>s opinions et <strong>de</strong>s croyances ; c’est l’interpel<strong>la</strong>tion respectueuse et <strong>la</strong><br />

critique <strong>de</strong> l’autre qui m’empêchent <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>rner en rond et enrichissent ma<br />

pensée. Si, à mon t<strong>ou</strong>r, je respecte l’autre et l’interroge, <strong>la</strong> communication<br />

n’est plus simplement un échange sympathique, aléatoire et gratuit, c’est <strong>la</strong><br />

construction lente mais efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> rationalité.<br />

Le maître est le garant <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence exigeante <strong>de</strong>s savoirs autant que <strong>de</strong><br />

l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> sécurité et d’échange qui permet <strong>de</strong> se les<br />

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