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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

P<strong>ou</strong>r éviter <strong>de</strong> tels déchirements, il faut donc un troisième terme,<br />

représenté traditionnellement dans nos sociétés par l’oncle, dont Lacan<br />

disait que c’est « le père sans le pire ». Or, l’oncle n’est plus là auj<strong>ou</strong>rd’hui,<br />

muté à D<strong>ou</strong>ai <strong>ou</strong> à Perpignan, <strong>ou</strong> enfermé, comme t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong>, chez lui<br />

<strong>de</strong>vant sa télévision. Cette fonction fait défaut. À qui l’enfant confiera-t-il<br />

ce dont il ne peut parler ni à ses parents ni à ses maîtres, les uns parce qu’il<br />

craint <strong>de</strong> leur faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine, les autres parce qu’il est inquiet <strong>de</strong> leur<br />

jugement ? Là intervient le tissu associatif dont l’importance est décisive.<br />

Et n<strong>ou</strong>s avons, en France, un retard considérable en cette matière : un<br />

adolescent québécois dispose <strong>de</strong> soixante-seize minutes, par semaine, en<br />

moyenne, d’activités socioculturelles, un adolescent français <strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

onze minutes !<br />

Les associations culturelles et sportives, municipales <strong>ou</strong> bénévoles,<br />

plutôt que <strong>de</strong> concurrencer l’école en organisant une inf<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> s<strong>ou</strong>tiens<br />

sco<strong>la</strong>ires <strong>ou</strong> d’ai<strong>de</strong>s aux <strong>de</strong>voirs, ont beauc<strong>ou</strong>p mieux à faire : endosser <strong>la</strong><br />

responsabilité <strong>de</strong> l’oncle ! Qu’elles se consacrent à ce rôle décisif <strong>de</strong><br />

médiateur : elles sont le mieux p<strong>la</strong>cées p<strong>ou</strong>r l’assumer. Par leur<br />

intermédiaire, l’enfant et l’adolescent rencontreront <strong>de</strong> jeunes adultes à qui<br />

ils p<strong>ou</strong>rront parler librement <strong>de</strong> leurs préoccupations, avec qui ils p<strong>ou</strong>rront<br />

pratiquer <strong>de</strong>s activités librement choisies, p<strong>ou</strong>r leur seul p<strong>la</strong>isir qui<br />

contribueront à développer leurs capacités d’organisation, d’initiative et <strong>de</strong><br />

ténacité. Et surt<strong>ou</strong>t, elles leur offriront un milieu qui ne soit ni <strong>la</strong> famille ni<br />

l’école. Ni <strong>la</strong> famille, lieu essentiel <strong>de</strong> filiation et d’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie,<br />

mais s<strong>ou</strong>vent trop chargé d’affectivité p<strong>ou</strong>r que l’enfant puisse s’y<br />

exprimer vraiment librement, lieu d’où il faut savoir partir p<strong>ou</strong>r faire ses<br />

propres choix. Ni l’école, lieu essentiel <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> ce qui réunit les<br />

hommes, mais où le statut du maître lui interdit <strong>de</strong> se faire le confi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

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