L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
tant bien que mal, <strong>la</strong> violence, les absences, les retards, les comportements<br />
déviants, <strong>ou</strong> même les procédures d’orientation, les contacts avec les<br />
familles, voire avec <strong>la</strong> police. Rien n’est prévu p<strong>ou</strong>r que les élèves<br />
rencontrent collectivement l’ensemble <strong>de</strong>s adultes dans <strong>de</strong>s réunions où se<br />
profère une parole commune et forte. Les enseignants d’une même c<strong>la</strong>sse,<br />
d’un même niveau <strong>ou</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s professeurs principaux prennent<br />
rarement <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> se concerter avec le chef d’établissement sur les<br />
orientations pédagogiques. Et, s<strong>ou</strong>vent, ils passent furtivement dans les<br />
c<strong>ou</strong>loirs, <strong>de</strong> leur c<strong>la</strong>sse à <strong>la</strong> salle <strong>de</strong>s professeurs, sans donner aux élèves le<br />
sentiment que l’école est aussi leur maison.<br />
D’après une enquête effectué par le ministère en 1996, les enseignants<br />
consacrent presque 50% <strong>de</strong> leur temps <strong>de</strong> travail aux heures <strong>de</strong> c<strong>ou</strong>rs<br />
proprement dites, 22% à leur préparation, 19% à <strong>la</strong> correction <strong>de</strong>s copies...<br />
et seulement 9% au suivi <strong>de</strong>s élèves, entretiens avec les familles <strong>ou</strong><br />
réunions pédagogiques. C’est dans ce 9% déplorablement insuffisant qu’il<br />
faut chercher les causes <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence et <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>ires.<br />
L’établissement apparaît comme une sorte <strong>de</strong> château hanté traversé par <strong>de</strong><br />
rares ombres et dont l’essentiel du fonctionnement repose sur quelques<br />
héros <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes : le directeur <strong>ou</strong> le chef d’établissement, le<br />
conseiller d’éducation, <strong>la</strong> documentaliste, un professeur d’éducation<br />
physique, le chef cuisinier et le concierge...<br />
Un vrai professionnel ne peut se contenter <strong>de</strong> faire son c<strong>ou</strong>rs, <strong>de</strong> donner<br />
du travail et <strong>de</strong> s’en aller ; il doit assurer aussi le « service après vente ». Il<br />
n’est pas sérieux <strong>de</strong> livrer l’enfant <strong>ou</strong> l’adolescent à lui-même au moment<br />
essentiel du travail personnel, au moment <strong>de</strong> savoir s’il a vraiment bien<br />
compris et s’il peut utiliser ce qu’il a appris. Car, finalement, faire un<br />
140