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L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu

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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />

L’ école <strong>de</strong> ces nostalgiques du passé sort t<strong>ou</strong>t droit d’une dictée<br />

d’Anatole France... Mine sévère et juste à <strong>la</strong> fois, le maître attend ses<br />

élèves dans <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>r le matin, s<strong>ou</strong>s le préau. Vers lui convergent <strong>de</strong>s enfants<br />

issus <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>tes les c<strong>la</strong>sses sociales : le fils du notaire et celui <strong>de</strong> l’<strong>ou</strong>vrier<br />

agricole, le fils du mé<strong>de</strong>cin et celui <strong>de</strong> l’artisan. L’un d’entre eux a mal aux<br />

<strong>de</strong>nts, l’autre vient <strong>de</strong> se disputer avec sa sœur ; l’un est catholique, l’autre<br />

protestant, le troisième athée et le quatrième fils <strong>de</strong> franc-maçon. Ils<br />

arrivent à l’école et se ren<strong>de</strong>nt t<strong>ou</strong>t <strong>de</strong> suite dans le c<strong>ou</strong>loir <strong>de</strong> leur c<strong>la</strong>sse ;<br />

là, ils quittent leur manteau et revêtent <strong>la</strong> même bl<strong>ou</strong>se, aube mystique qui<br />

abolit les différences et les dédie à <strong>la</strong> raison. Ils vont ensuite se mettre en<br />

rang dans <strong>la</strong> c<strong>ou</strong>r et chantent en cœur La Marseil<strong>la</strong>ise : voilà qui achève <strong>de</strong><br />

les purger définitivement <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>tes leurs préoccupations individuelles.<br />

Chacun <strong>ou</strong>blie ses convictions politiques et religieuses, c<strong>ou</strong>pe les ponts<br />

avec sa famille et ses appartenances. Les élèves entrent en c<strong>la</strong>sse vierges et<br />

disponibles, élèves abstraits, enfin réceptifs à <strong>la</strong> raison encyclopédique qui<br />

va se déployer s<strong>ou</strong>s leurs yeux et faire d’eux <strong>de</strong>s êtres t<strong>ou</strong>t à <strong>la</strong> fois instruits<br />

et libres. Que l’un d’eux baille <strong>ou</strong>, pire, bavar<strong>de</strong>... le bon maître tapote avec<br />

sa baguette sur son bureau et t<strong>ou</strong>t rentre dans l’ordre.<br />

Malheureusement p<strong>ou</strong>r ceux qui <strong>la</strong> regrettent, cette école n’a jamais<br />

vraiment existé : à <strong>de</strong> très rares exceptions près, les fils <strong>de</strong> notables ne se<br />

sont jamais vraiment mé<strong>la</strong>ngés avec les enfants du peuple et ont t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />

fréquenté une école qui leur était réservée. L’école <strong>de</strong> Jules Ferry n’a<br />

jamais établit le règne <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison ni éradiqué les appartenances<br />

communautaires <strong>ou</strong> les fanatismes en t<strong>ou</strong>t genre.<br />

L’instruction ne n<strong>ou</strong>s délivre pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie<br />

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