L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
mieux, finalement, regr<strong>ou</strong>per les élèves par niveau... non point, bien sûr,<br />
dans un esprit d’exclusion mais p<strong>ou</strong>r les ai<strong>de</strong>r à progresser ? On leur<br />
proposerait ainsi une pédagogie plus adaptée. » Le cycle est sans fin. Les<br />
enseignants ne savent plus à quel saint se v<strong>ou</strong>er.<br />
Autre exemple : les <strong>de</strong>voirs à <strong>la</strong> maison : bien qu’officiellement<br />
supprimés <strong>de</strong>puis 1952 à l’école primaire, François Bayr<strong>ou</strong> a épr<strong>ou</strong>vé <strong>la</strong><br />
besoin <strong>de</strong> les supprimer une <strong>de</strong>uxième fois. Deuxième c<strong>ou</strong>p d’épée dans<br />
l’eau puisque presque t<strong>ou</strong>s les instituteurs continuent à donner autant <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>voirs qu’ils le veulent et que les j<strong>ou</strong>rnées <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s enfants ne<br />
cessent <strong>de</strong> s’allonger. Rabe<strong>la</strong>is estimait déjà qu’il est absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> maintenir<br />
un enfant <strong>de</strong> d<strong>ou</strong>ze ans assis à une table plus <strong>de</strong> trois heures par j<strong>ou</strong>r.<br />
Auj<strong>ou</strong>rd’hui, mé<strong>de</strong>cins et pédagogues ont beau crier à l’aberration, rien n’y<br />
fait : les <strong>de</strong>voirs continuent à gâcher les soirées <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong> leurs<br />
parents (p<strong>ou</strong>rtant les moins bien p<strong>la</strong>cés p<strong>ou</strong>r faire travailler leur<br />
progéniture) et à associer les étu<strong>de</strong>s à <strong>la</strong> contrainte et à <strong>la</strong> s<strong>ou</strong>ffrance.<br />
Les partisans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs du soir préten<strong>de</strong>nt qu’ils préparent les enfants<br />
au collège, qu’ils les forment à travailler seuls. En réalité, dès le primaire,<br />
c’est <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s familles et <strong>la</strong> compétition far<strong>ou</strong>che qui s’installent.<br />
Les parents sont inquiets : en l’absence <strong>de</strong> vrai projet sco<strong>la</strong>ire national,<br />
dans le cadre vi<strong>de</strong> que constitue l’Éducation nationale, privés d’une<br />
véritable perspective qui légitimerait c<strong>la</strong>irement aux yeux <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>s<br />
l’institution et les dépenses qu’elle impose, ne reste plus que le libre jeu<br />
<strong>de</strong>s aspirations individuelles. Quand rien <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ir ne pointe à l’horizon,<br />
quand <strong>la</strong> Patrie n’est plus en danger, quand les savoirs se diffusent<br />
massivement à l’extérieur <strong>de</strong> l’école, quand les réformes se succè<strong>de</strong>nt sans<br />
ligne directrice, quand <strong>la</strong> seule fréquentation sco<strong>la</strong>ire ne garantit plus<br />
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