L'école ou la guerre civile - Site de Philippe Meirieu
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<strong>Philippe</strong> <strong>Meirieu</strong> - Marc Guiraud L’école contre <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
contraignent les enseignants à sacrifier <strong>de</strong>s pans entiers <strong>de</strong> notre culture au<br />
profit d’un bachotage stérile. Le symbolique l’emporte sur <strong>la</strong> rationalité, un<br />
grand frisson s’empare <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion...<br />
La politique <strong>de</strong> « <strong>la</strong> poire en <strong>de</strong>ux »<br />
Mais <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> prestigieuse dissimule une arrière-c<strong>ou</strong>r moins attrayante :<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, c’est <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> poire en <strong>de</strong>ux qui triomphe. Une<br />
politique hésitante, incohérente, s<strong>ou</strong>vent stupéfiante et t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
insuffisante.<br />
La gestion <strong>de</strong> l’hétérogénéité <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses en est un bon exemple. Chacun<br />
constate que les élèves constituant une c<strong>la</strong>sse sont différents : trente élèves<br />
et autant <strong>de</strong> cas particuliers. Certains obtiennent <strong>de</strong> bonnes notes part<strong>ou</strong>t,<br />
d’autres nulle part, d’autres enfin réussissent dans telle matière et éch<strong>ou</strong>ent<br />
dans telle autre. Quelle attitu<strong>de</strong> adopter face à cette diversité, inévitable dès<br />
lors que l’on passe du préceptorat à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ?<br />
Régulièrement, les penseurs du ministère déplorent que <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong><br />
niveaux trop différents coexistent dans les mêmes c<strong>la</strong>sses. Ils déci<strong>de</strong>nt<br />
donc <strong>de</strong> regr<strong>ou</strong>per les élèves, en fonction <strong>de</strong> leurs notes, dans <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses<br />
rendues homogènes p<strong>ou</strong>r mieux répondre aux besoins <strong>de</strong> chacun. On<br />
obtient ainsi <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses constituées <strong>de</strong> « bons » élèves, et d’autres où sont<br />
regr<strong>ou</strong>pés les « mauvais ». Des voix s’élèvent bientôt p<strong>ou</strong>r dénoncer <strong>la</strong><br />
création <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses-ghettos qui « tirent les mauvais élèves vers le bas ». On<br />
propose donc <strong>de</strong> rétablir <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses hétérogènes où <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion sera plus<br />
gran<strong>de</strong> et où les élèves p<strong>ou</strong>rront s’enrichir <strong>de</strong> leurs différences. Quelques<br />
mois plus tard, une idée ne manque pas <strong>de</strong> surgir : « Ne vaudrait-il pas<br />
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