Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
110 Catherine Valcke<br />
soient vraisemblablement pas comparab<strong>les</strong> en tant que<br />
« pommes » et « oranges », ils le sont à titre de « fruits ». On<br />
peut, à l’évidence, comparer la couleur, la forme ou la teneur<br />
en calories d’une pomme et d’une orange. Contrairement à<br />
l’adage, <strong>les</strong> pommes et <strong>les</strong> oranges sont donc comparab<strong>les</strong><br />
parce qu’au-delà de leur différence en tant que « pommes »<br />
et « oranges », el<strong>les</strong> se rejoignent comme « fruits ». Il en va<br />
de même des <strong>droits</strong>. Ceux-ci ne sont comparab<strong>les</strong> que dans la<br />
mesure où ils présentent une interface minimale commune.<br />
C’est cette dimension qu’il appartient à la définition de<br />
« droit » de cristalliser. Or c’est précisément cette interface<br />
que la perspective exclusivement interne a pour effet d’exclure<br />
a priori. Bref, le fait de retenir la définition interne de<br />
la notion de « droit », quoique celle-ci soit en principe mieux<br />
adaptée aux fins de comparaison des <strong>droits</strong> telle que nous la<br />
concevons, a pour effet de provoquer un vortex sémantique<br />
compromettant l’intégrité même de la démarche<br />
comparative.<br />
La définition du droit doit donc procéder d’une perspective<br />
interne nuancée, soit une perspective interne balisée d’un<br />
minimum de paramètres externes limitant a priori ce qui<br />
pourra être légitimement considéré à l’interne comme constituant<br />
du droit. Seuls <strong>les</strong> paramètres externes minimalement<br />
requis afin de corriger <strong>les</strong> effets pervers exposés ci-dessus doivent,<br />
soulignons-le, être mis en jeu. Comme l’ornithologue, le<br />
comparatiste a tout avantage à ce que son champ d’étude<br />
soit le plus étendu possible puisque la valeur d’une étude<br />
scientifique est le plus souvent directement proportionnelle<br />
au domaine couvert. Toutes choses étant éga<strong>les</strong> par ailleurs,<br />
la taxinomie ornithologique qui inclut le colibri et l’autruche<br />
se révèle plus probante que celle qui ne comprend que <strong>les</strong><br />
petits oiseaux 34 . De même, la valeur scientifique d’une taxinomie<br />
comparative portant à la fois sur <strong>les</strong> <strong>droits</strong> européens<br />
et ceux des peup<strong>les</strong> sub-sahariens sera en principe supérieure<br />
à celle d’une taxinomie ayant pour seul objet <strong>les</strong> <strong>droits</strong> français<br />
et allemand. En outre, nous savons que, pour ce qui<br />
concerne la comparaison des <strong>droits</strong>, plus <strong>les</strong> paramètres sont<br />
34. Des études approfondies limitent inévitablement le domaine d’étude. C’est<br />
dire qu’à profondeur égale, la recherche à plus grand rayonnement est plus probante.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:12<br />
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