Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Approches épistémologiques de la comparaison 125<br />
parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la socio-épistémologie qui ne s’intéresse pas<br />
tant au processus cognitif qu’aux conditions concrètes dans<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> humains produisent leurs connaissances en<br />
allant voir « ce qui se passe » dans <strong>les</strong> laboratoires et en<br />
tenant le plus grand compte du cadre social dans lequel s’insère<br />
la recherche. Telle est la vision de Bruno Latour, qui<br />
privilégie l’observation de « la science en train de se faire »<br />
par rapport à celle de la science « déjà faite ». Mais pour cet<br />
auteur, il ne s’agit pas là d’épistémologie parce que celle-ci<br />
étudie la science faite, c’est-à-dire <strong>les</strong> « liens internes de la<br />
logique des idées », alors que « la sociologie des sciences<br />
étudie la science qui se fait » 4 . Nous emprunterons, à vrai<br />
dire, aux deux approches 5 , car il nous semble qu’il faut<br />
ouvrir la perspective afin de tenter de mieux cerner l’objet<br />
« comparaison » sous le prisme de l’épistémologie. Tout<br />
dépend, en effet, de la manière dont on envisage la comparaison<br />
et le comparatisme.<br />
La comparaison peut ainsi apparaître comme un outil de<br />
« la science en train de se faire » et il est alors intéressant de<br />
nous pencher sur <strong>les</strong> processus intellectuels qui sont à l’œuvre<br />
lorsqu’on compare. Comment procède-t-on, que cherche-on à<br />
faire dans l’immédiat, lorsqu’on procède à une comparaison ?<br />
Produire un savoir, dit-on. S’interroger sur la comparaison<br />
comme outil de la science en train de se faire revient dès lors à<br />
s’interroger sur la manière dont se constitue ce savoir 6 , ce qui<br />
est une question épistémologique. La comparaison apparaît<br />
ainsi comme un outil de la découverte dont l’utilisation repose<br />
sur une certaine manière de voir comment se constitue le<br />
savoir, en d’autres termes sur une certaine posture épistémologique.<br />
Mais l’exploration de ce seul aspect ne saurait suffire,<br />
car il existe un autre objet à observer. Il s’agit du discours sur<br />
le comparatisme, et particulièrement sur l’étude comparative<br />
en droit. Un regard sur la manière dont s’est construit, et se<br />
construit encore, « le » savoir comparatiste est extrêmement<br />
4. Bruno Latour, Le métier de chercheur : regard d’un anthropologue, 2 e éd., Paris,<br />
Institut national de la recherche agronomique, 2001, p. 12.<br />
5. Pour une acception compréhensive de l’épistémologie, voir Jean-Michel Besnier,<br />
Les théories de la connaissance, Paris, PUF, 2005, p. 7.<br />
6. Le recours au pronom démonstratif rappelle qu’un savoir produit par la comparaison<br />
n’est pas indépendant de l’outil de production.<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:13<br />
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