Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand
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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />
Composite Trame par dØfaut<br />
Toute comparaison des <strong>droits</strong> est une fiction 49<br />
lité. Le texte de la comparaison selon Kötz estime en effet<br />
pouvoir prétendre à l’ « exactitude scientifique », voire à<br />
l’ « objectivité » 44 . C’est que le comparatiste travaille à l’aide<br />
de « rapports » qui ne sauraient être que rigoureusement<br />
référentiels et donc dénués de tout caractère évaluatif que ce<br />
soit 45 . Kötz ne cesse d’insister sur ce point, que ce soit explicitement<br />
ou de manière davantage voilée. Ainsi il a recours<br />
plus d’une fois à la formule selon laquelle un droit étranger<br />
n’a « rien à signaler » 46 , comme si c’était effectivement l’objet<br />
même du discours de la comparaison qui s’exprimait par le<br />
truchement du comparatiste dès lors devenu un simple instrument<br />
prêtant la voix à ce qu’il représente de manière strictement<br />
référentielle. Et puis, Kötz garde un silence mystérieux<br />
sur l’auteur du « rapport », ce document, rendu pour<br />
ainsi dire anonyme, étant pourtant présenté en tant que<br />
préalable incontournable à toute analyse comparative digne<br />
de ce nom 47 . Comme faisant suite à l’attribution de la qualité<br />
« scientifique » au discours de la comparaison 48 , Kötz revendique<br />
en outre le recours à des concepts susceptib<strong>les</strong> de rendre<br />
compte sans aucune distorsion que ce soit de la réalité dont le<br />
savoir comparatiste entend faire son objet d’étude. Il traite<br />
ainsi de « termes purement fonctionnels » 49 , d’ « exigences<br />
purement objectives » ou de « concepts plus élevés » 50 , <strong>les</strong>quels<br />
seraient suffisamment englobants pour subsumer l’hétérogénéité<br />
des institutions comparées 51 , sans oublier « une<br />
syntaxe et un vocabulaire spéciaux » 52 .<br />
Mais Kötz choisit d’ignorer, au nom d’une aspiration à<br />
l’univocité du référentiel, à l’objectivité et à la transparence<br />
absolues, bref à la pureté, une leçon pourtant bien connue des<br />
44. Id., p. 45 [« scientific exactitude »/«objectivity »].<br />
45. Voir par exemple id., p. 43, où Kötz renvoie au rapport « objectif » [« objective<br />
»]. Voir aussi ibid., où Kötz précise qu’un rapport doit être « libre de toute évaluation<br />
critique » [« free from any critical evaluation »].<br />
46. Voir par exemple id., p. 35 [« nothing to report »].<br />
47. Voir par exemple id., p. 43, où Kötz écrit que la comparaison en tant que<br />
telle « ne commence que lorsque <strong>les</strong> rapports sur <strong>les</strong> différents systèmes juridiques<br />
ont été complétés » [« starts only when the reports on the different legal systems have<br />
been completed »].<br />
48. Voir par exemple id., p. 46. Adde : supra, note 44.<br />
49. Id., p. 34 [« purely functional terms »].<br />
50. Id., p. 44 [« purely objective requirements »/«higher concept »].<br />
51. Voir id., p. 44.<br />
52. Ibid. [« a special syntax and vocabulary »].<br />
<strong>Legrand</strong>1.prn<br />
V:\55125\55125.vp<br />
mercredi 8 avril 2009 16:24:08<br />
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