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Comparer les droits, résolument - Pierre Legrand

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique<br />

Composite Trame par dØfaut<br />

« Droit » et comparaison 113<br />

« ovipare » et « ailé » – afin que seuls soient exclus du<br />

domaine d’étude <strong>les</strong> objets qui ne sauraient constituer des<br />

« oiseaux » aux yeux des ornithologues. S’agissant de comparaison<br />

des <strong>droits</strong>, il y aura lieu d’identifier <strong>les</strong> paramètres qui<br />

auront pour effet d’exclure du domaine d’étude uniquement<br />

<strong>les</strong> <strong>droits</strong> qui ne sauraient constituer un droit selon le sens<br />

commun des comparatistes 37 . Seule l’inclusion de tels <strong>droits</strong><br />

aurait pour effet de compromettre l’intégrité de la démarche<br />

comparative en général comme, tout particulièrement,<br />

l’intégrité de la démarche de comparaison des <strong>droits</strong>.<br />

C’est ainsi qu’il convient de décrire la conception du droit<br />

que nous entendons retenir comme étant élaborée dans une<br />

perspective interne nuancée ou encore dans une perspective<br />

principalement interne.<br />

III | UNE PISTE À EXPLORER<br />

Parce qu’elle procède d’une perspective qui témoigne « du<br />

point de vue interne au droit, sans adopter celui-ci » 38 , évoquant<br />

dès lors ce qu’on pourrait qualifier, en songeant à<br />

H. L. A. Hart, de point de vue externe modéré 39 , la conception<br />

autopoïétique du droit de Niklas Luhmann, en plus de se<br />

37. L’interrogation « Quels ensemb<strong>les</strong> de normes constituent des <strong>droits</strong> ? » diffère<br />

de la question « Quels <strong>droits</strong> la comparaison des <strong>droits</strong> doit-elle étudier ? ». Par<br />

rapport à la première problématique, c’est l’intuition des comparatistes qui se révèle<br />

pertinente. Leur réponse à la seconde, étant nécessairement colorée par leur vision<br />

particulière de ce qui constitue l’objet de la comparaison des <strong>droits</strong>, ne saurait être<br />

pareillement intuitive. Celle-ci relève davantage du raisonnement, de la réflexion<br />

consciente. De plus, c’est bien l’instinct de tous <strong>les</strong> comparatistes, pas seulement de<br />

ceux qui partagent une certaine vision de la comparaison des <strong>droits</strong>, qui importe ici.<br />

Le sens commun de la collectivité formée de l’ensemble des comparatistes fournit en<br />

effet un critère plus probant que celui d’un groupe plus restreint, par exemple celui<br />

des convertis à telle ou telle autre conception des études juridiques comparatives.<br />

Enfin, nous renvoyons au sens commun des comparatistes, plutôt qu’à celui des juristes,<br />

car le juriste est ici considéré comme un agent interne, c’est-à-dire en tant qu’agent<br />

nécessairement situé dans le cadre d’un droit particulier, par opposition au comparatiste,<br />

envisagé à titre d’observateur, soit comme agent aspirant à se détacher de même<br />

manière de tous <strong>les</strong> <strong>droits</strong>. Dès lors, il ne peut y avoir de « sens commun » des juristes<br />

relativement à une question telle que ce qui constitue ou non un droit.<br />

38. Van de Kerchove et Ost, op. cit., note 13, p. 29.<br />

39. Voir H. L. A. Hart, The Concept of Law, 2 e éd. sous la dir. de Penelope<br />

A. Bulloch et Joseph Raz, Oxford, Oxford University Press, 1994, pp. 88-91 [1961].<br />

<strong>Legrand</strong>1.prn<br />

V:\55125\55125.vp<br />

mercredi 8 avril 2009 16:24:13<br />

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